Mayan : Folie furieuse

A l'étage au dessus, Dérélicte passait instinctivement la main sur la marque que lui avait laissé l'estafilade de Mayan sur la gorge.
Il s'en était fallu de peu.

La Marquise Bruleciel avait rejoint l'Éclat deux jours auparavant. Elle quittait la guilde deux jours plus tard suite à une tentative d'assassinat sur son propre Séide. Sa dague n'était pas passée loin du cou de la siamoise qui en gardait encore quelques sueurs froide et une blessure superficielle. L'intervention d'Eryka, d'Aenethia et de Lou lui avait sauvé la vie de justesse.

Quelques jours avant, un homme était passé à la Résidence, furibond. Un humain moustachu, un militaire de carrière. Il avait déclaré être le tuteur de Mayan, après que celle-ci eut été relâchée pour démence, suite au meurtre de son propre père. Il lui avait parlé de sa "santé mentale", mais Dérélicte n'avait pas cru l'humain et avait prit la défense de sa nouvelle recrue. Cruciale erreur.

Car la folie était bien la raison principale de ce qui avait à priori poussé Mayan à se jeter sur Dérélicte. Une personnalité instable, traumatisée par un passé sordide et douloureux. Des accès de violence soudains : voilà ce qui s'emparait parfois la douce Mayan. Malgré cela, elle avait séduit tous les hommes de l'Eclat en quelques jours : Raito de Redemptis semblait n'avoir d'yeux que pour elle et Strap avait été marqué dans sa chaire par une nuit d'amour passée avec elle.

"Un vrai souci, ça." pensa la siamoise.

Mayan avait été trainée à la Maison mère et interrogée par Eryka.
Puis sa mémoire avait été fouillée et on avait pu découvrir la démence qui sommeillait en elle, héritage d'un passé traumatique. On avait également découvert que l'étrange bague qu'elle portait au cou, lui avait été offerte par Raito, qui s'entêtait à cacher ses rapports avec Mayan : visiblement, il avait déjà servit de témoin à son procès et il avait tardé à l'avouer à son Séide. Même histoire pour la bague.

La nuit précédente, Raito avait surprit Mayan, revenant de sa nuit avec Strap. Il avait déduit, peut-être un peu vite, que la blonde s'était faite violer et l'avait révélé à l'amante officielle du Malicié de l'Eclat : Yelisaveth. La rumeur avait enflé, Dérélicte avait demandé des explications et Mayan avait pété un plomb durant l'entrevue.

Son tuteur et un de ses amis, avaient retrouvé la trace de Mayan jusqu'à la Maison mère, grâce à un limier à l'odorat surprenant. Un combat avait suivit, Nelapsi avait récolté d'une balle en plein ventre et d'autres, de nombreuses bosses. Les deux "sauveteurs" avaient été maitrisés, puis emmenés en Norfendre, au milieu de la toundra, et drogués à la potion d'oublis. Le souvenir des 2 dernières heures, de la disparition de Mayan et de leur capture à la Maison mère disparut à leur réveil, ne leur laissant que la vague impression d'un rêve confus. Les deux hommes se réveillèrent, sans bottes, dans une plaine à perte de vue, sans comprendre comment ils avaient pu parvenir jusqu'ici.

A leur retour (difficile) ils trouveraient une lettre à leur nom : des excuses de l'Éclat, indiquant l'emplacement de Mayan, endormie et amnésique, au pied d'un arbre de la forêt d'Elwynn. La missive expliquait succinctement que la Maison avait conclut à la folie de la Marquise Ambreciel suite à une agressions violente et démente. Les paroles du tuteur prenaient tous leur sens maintenant et sa pupille lui était restituée vivante et soignée.

Mais pour l'instant, Mayan était encore dans les cellules de l'éphémère. La nuit à venir pouvait être encore longue et Eryka passerai surement lui rendre une petite visite. Puis, dés l'aube, elle serait emmenée de nouveau à la Maison mère, où suite à une rencontre avec le Masque, tous ses souvenirs relatifs à son existence, à celle de ses enfants et à leurs secrets, lui serait instantanément effacés.

La main toujours sur la gorge, Dérélicte soupira. L'idée était loin d'être parfaite. Elle ne doutait pas que Mayan tente de retrouver ce qui aurai bien pu lui arriver durant ses derniers jours. Son tuteur allait peut-être surement lui en parler. l'Éclat aviserait pour la tenir à distance. La siamoise n'avait pas eu à cœur de tuer une humaine prise de démence et avait prit le risque de la laisser en vie, ne voulant pas non plus avoir à se justifier devant le tuteur gueulard qui suivait la Marquise Bruleciel dans ses moindres déplacements.
Mais au moins... Elle repartait sans les précieux secrets de la guilde et ses obscures objectifs.

La siamoise leva le nez vers Eryka qui se présenta devant elle.

"Je vais lui dire bonne nuit..." dit simplement le bourreau laconique de l'Éphémère, en indiquant la trappe qui menait aux cellules.