AFFAIRE CLASSEE : La traitrise de Laarana

Dolween est affalée sur son fauteuil, les yeux rougis, la mine triste mais résignée. Elle accueille chacune et chacun avec un sourire forcé, révélant son malaise. Alors que tous prennent place, Mathilde sa servante allume une sorte de calumet et le tend à la patronne du Tripot. Dolween remercie sa servante d’un geste de la tête, puis tire une bouffée et tousse. Le regard épuisé, la mine diminuée elle ravale sa toux et s’adresse aux membres.

- Mes amis, je suis encore marquée par la décision que j’ai du prendre hier soir...
Lararana, n’est plus des nôtre.

Elle marque une pause, comme essoufflée, estomaquée...

- De trop lourds suspicions reposaient sur elle. En effet, parmi nos voisins se cachent nos adversaires. La Rose Noire pour être précise.
Il ne fait pas de doute que Laarana était l’une d’entre eux. Les avait-elle quitté ? nous a-t-elle infiltrée ? je ne puis vous le dire exactement, le doute subsiste.
Mais vous et moi savons que nous ne pouvons prendre ce risque. Laarana fut une compagne et un sœur fidèle et précieuse, je ne remet pas cela en cause. Je la regrette autant que vous, et c’est bien en souvenir de tout cela qu’elle n’a pas eu pas à subir un châtiment plus sévère.
Pour vous expliquer le motif de son renvoi, je dois vous parler de la Rose Noire. J’ai pu apprendre que cette organisation avait infiltré les plus grandes guildes de notre cité. De plus leurs membres se parlent dans un langage hermétique. La culture du secret les entourent et cela ne présage rien de bon. Ce sont donc pour toutes ces raisons que nous ne pouvions garder Laarana.
En la chassant du Tripot, nous lui laissons le bénéfice du doute, le moyen de se racheter. Alors ne soyez pas tendre ou haineux envers elle, simplement juste.

Le visage pâle, elle s’effondre dans son fauteuil et détourne le regard, encore accaparée par les doutes.

En écoutant Dolween parler, l'humaine n'avait cessé de secouer la tête, désapprouvant visiblement les choix qui venaient d'être faits. Elle resta longtemps silencieuse, sans doute l'idée de donner si vite son avis alors qu'elle venait tout juste d'arriver la dérangeait, mais son expérience l'empêcha de tenir sa langue plus longtemps.

« Inutile de vous dire que moi aussi j'ai eu un doute, et qu'il persiste encore aujourd'hui. En fait, j'ai peur qu'on nous ait joué le tour dont sont actuellement victimes les proches de l'Ombre. Nous leurs avons mis le doute pour qu'ils se tirent dans les pattes, et aujourd'hui nous en faisons tout autant. Ce doute, c'est en tout cas la raison pour laquelle, madame, je vous ai demandé hier la permission d'aller la trouver pour avoir de plus claires explications. Elle a tout d'abord demandé à être accompagnée d'un homme qui s'est par la suite présenté à moi, un certain Bëren, elle craignait peut-être que je ne finisse le travail pour souhaiter la protection de ce type, peut-être avait-elle au final bien quelque chose à se reprocher. A mon arrivée, l'homme lui a demandé ce que nous savions, j'ai peut-être mal compris mais cela prouve pour moi qu'ils cachent bien quelque chose par là-bas. Quoi qu'il en soit, je lui ai dit que j'étais peut-être sa seule chance pour qu'elle se rachète, que si elle avait quelque chose à avouer, c'était le moment, que si nous nous étions trompés, j'étais toute ouïe. Elle n'a pas saisi cette chance.
Avant de partir, je lui ai dit deux choses. La première est que les jours étaient comptés pour qu'elle tente de se racheter. La seconde, qu'elle conçoit bien d'ailleurs, qu'il n'est pas envisageable de la laisser filer ainsi avec tout ce qu'elle peut bien savoir sur vous et moi, en bref, sur nous. Je l'ai donc mise en garde, si j'ai écho du moindre chuchotement nous concernant, elle aura du soucis à se faire pour sa langue et peut-être même plus encore.

Bref, j'ai tâché de rester ouverte, de lui laisser une chance mais, pardonnez-moi d'avance, je crois qu'il serait préférable qu'elle trouve... disons... le sommeil, un sommeil profond. »

Un léger soupir se fit entendre, le sien, avant qu'elle ne secoue mollement la tête, de toute évidence ennuyée par cet événement. Tout en replaçant l'une de ses mèches, elle adressa un léger sourire à l'assemblée avant de baisser à nouveau la tête en s'enfonçant dans sa chaise.

La reine prit la parole à son tour en soupirant. Ces problèmes étaient normalement réservés au roi de l'échiquier, mais personne n'avait été élus pour l'instant. Il lui revenait la lourde tache d'assumer ce conflit.

"Bien. Je soutiens la décision de Dolween. Les risques sont trop grands. Je vous demande de ne consigner ici que ce qui concernera Laarana, uniquement. A savoir, sa réhabilitations... ou pas. Veuillez consigner ce qui concerne la Rose noir dans l'affaire courante appropriée.

Laarana à huit jours, pour nous prouver sont innocence. Pas un de plus. Passé ce délais, nous lui enverrons Charline..."

Comme à son habitude, Xäel prit la parole pour donner son avis. Sur cette affaire, il ne connaissait ni la personne, ni les clans mentionnés, mais un élément important le fit intervenir.

Il vrai que je ne connais pas cette fille, je n'ai pas eu l'occasion de lui parler. Il vrai également que je ne connais pas non plus la Rose noire. Mais au delà ça, il y a une caractéristique importante à ne pas négliger : Le risque.
Nous savons tous que dans une confrérie comme la notre, nos relations sont basées sur la confiance. Et que le moindre doute sur une personne peut déstabiliser le clan entier. Nous ne pouvons pas nous le permettre le risque d'être frappé par une faiblesse interne, surtout pas en ce moment. Alors quand plusieurs d'entre nous ont un doute sur quelqu'un, il faut agir, et rapidement. Le choix de virer Laraana était le bon. Il faut garder les gens de confiance et qui apportent un réel interêt pour la guilde. Vous n'avez donc pas à avoir de remords, c'est pour le bien de l'échiquier.

Accompagnée de Dolween, l'humaine revint au Tripot.

« Bien. Rien de très nouveau concernant Laarana. Dolween, Islandzadi et moi l'avons rencontrée et elle a à nouveau nié ce que nous lui avons reproché. En bref elle nous a dit que certains membres de la Rose Noire étaient pour elle de simples amis, que le tatouage qu'elle avait dans le cou lui avait d'ailleurs été fait en signe d'amitié et que ça s'arrêtait là. Rien de nouveau jusqu'ici mais j'ai proposé une solution qui nous permettra d'y voir clair, organiser une confrontation entre elle, nous, et ce nain qui disait qu'elle n'était rien d'autre qu'un espion. »

Tout en toussant, Charlîne posa une main sur son front, l'autre sur son ventre qui faisait entendre des signes de faim.

« Si vous permettez, j'aimerai manger un morceau à présent ! »