Philosophie de l'éphémère
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Philosophie de l'éphémère
Que dis-tu, victime ?
Que demandes-tu, ma pauvre proie ?
Tu sanglotes, tu supplies.
Tu aimerais bien connaitre les raisons de ta mort imminente.
Le poison qui glisse en ce moment dans tes veines, me laisse juste une poignée de secondes pour répondre. Mais après tout... Pourquoi pas ?
Personnellement, j'ai tout mon temps.
Tu te demandes qui m'envoie...
Sache que tu mourras sans savoir. Les employeurs sont sacrés par chez nous. Un contrat est un contrat : jamais d'identité dévoilée, c'est un point d'honneur. Et il en faut bien quelque pars, de l'honneur, tu ne crois pas ?
Que dis tu ? Qui sommes-nous ? Nous sommes les silhouettes de l'Éphémère et si nous portons ce nom, c'est que nous savons comment nous habiller d'ombres pour apporter à nos cibles la preuve qu'une vie est toujours trop courte. Comme la tienne, ma victime, oui, comme la tienne ; éphémère comme celle d'un papillon en hiver.
Nous sommes l'épée du Changement. Le mouvement, l'Entropie, la dégradation de toutes choses. Nous sommes l'outil même du Drame, celui qui fait basculer ses actes. Nous sommes le bras armé du Masque, le poignard dans ton cœur, l'arsenic dans ton vin, l'aiguille dans ton cou, le regard qui t'espionne, l'oreille qui t'écoute. Avant d'agir nous enquêtons, nous apprenons, nous observons. Nous ne sous-estimons jamais un contrat. Pas de place pour les héros ou les grandes gueules parmi nous. Nous sommes des professionnels, des fantômes, nous agissons sans laisser de traces ni de signature. Notre gloire est secrète. Chez nous, les agités du couteau et les jeunes chiots exaltés ne font pas long feu au milieu du brasier de l'action. Leur mort est pour nous un simple manque de talent.
Si nous savons tuer, c'est que nous savons aussi défendre. Si nous savons t'empoisonner, c'est que nous savons comment te guérir. Pardon ? Oh non, le contrat est bien clair : je dois ramener ton dernier souffle. Inutile d'espérer cet antidote qui se trouve dans ma bourse. Tu sais, s'il est si facile pour nous de passer le fil d'une dague sur une gorge, c'est que nous connaissons aussi le prix d'une vie : c'est nous qui le fixons. La tienne, ma proie, me rapporte une fortune. Une fortune... ça pourra peut-être te consoler. Et si notre art coute aussi chère, c'est par ce que nos œuvres sont uniques : nous travaillons avec le pinceau de la mort.
Quoi qu'en disent tes yeux sur le point de s'éteindre, nous n'agissons pas pour la haine ou le plaisir. Nous ne faisons qu'accomplir le cycle de toutes choses. Nous sommes seulement les porteurs d'un message qui s'annonce depuis toujours à ta porte. Nous faisons tourner le monde et les saisons. Pour ton derniers spasme, je te dirai ceci : nous sommes l'automne sans lequel tu n'aurais jamais compris à quel point ta vie était jusque là un printemps. C'est dans le sillage de nos ombres, après notre passage, que jaillit le renouveau des comédiens de la grande scène de ce monde.
Tu gémis et tu craches.
Je comprend.
C'est si triste de mourir sans comprendre pourquoi...
Khalal- Chimère de L'Ephémère
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