(Anecdote) Des questions dans le noir...
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(Anecdote) Des questions dans le noir...
Le griffon se posa au sol en soulevant un petit nuage de neige. Mettant pied à terre, le démoniste attacha distraitement la bride de l’animal pour la nuit, avant de se diriger de son habituel pas rapide et déterminé vers la forme sombre d’une petite maison d’architecture naine.
La lueur de la lune se refléta sur l’acier des haches des deux gardes de faction, des nains musculeux à l’air patibulaire. Ils froncèrent leurs sourcils broussailleux puis s’écartèrent de concert en reconnaissant leur employeur. Celui-ci tira une simple clef de sa poche, et déverrouilla la banale serrure d’une vulgaire porte de bois renforcé. Pas de glyphe de garde, pas de piège, pas de dispositif sophistiqué pour protéger l’entrée de sa demeure : avec l’expérience, Ashmédaï avait appris deux choses concernant les possessions matérielles et l’intimité. La première était que celui qui s’en donne les moyens trouve toujours un chemin ; aussi une simple porte fermée et placée sous surveillance dissuasive arrêtera la majeure partie des indésirables, ceux qui sont à même de franchir un tel obstacle méritent généralement qu’on s’occupe d’eux par soi même. La seconde était… Que le mieux est encore de ne pas trop accorder d’importance ni aux choses matérielles, ni à l’intimité.
Refermant la porte derrière lui, il jeta sa cape froide et humide sur le dossier d’une chaise, passa distraitement la main dans ses cheveux après l’avoir humectée pour plaquer une mèche derrière son oreille… Et se débarrassa du petit pantin de bois juché sur son épaule, le jetant dans un coin de la pièce sans plus de considération. Alors, ne prenant même pas la peine d’ôter ses bottes, il bailla à s’en décrocher la mâchoire, s’allongea sur le lit, et sombra dans un sommeil sans rêves.
Il ne se réveilla que longtemps après que le soleil se soit levé, un rai de lumière venant lui chatouiller le menton. S’étirant, les cheveux en bataille et la gueule enfarinée, il haussa un sourcil dubitatif en découvrant le pantin assis au pied du lit dans ce qui s’apparentait à une position de méditation. Le démoniste se frotta la tempe, songeur, puis finit par darder un regard impassible sur la petite créature.
« - Alors tu le prends comme ça, hein. Et maintenant, qu’est-ce qui m’empêche de te réduire en cendres pour châtier cette insolence ? Le destin, peut-être ? »
Le silence lui répondit. Le spectateur n’esquissa pas le moindre geste.
« - Que cela soit bien clair. Je ne suis toujours pas d’accord avec toi. Je suis mon propre maître. Je l’ai toujours été. Le destin, ça n’existe pas, peu m’importe que je sois un sous-fifre à tes yeux et que je n’aie pas encore fait mes preuves parmi ta bande de détraqués. Si je t’épargne, c’est juste parce que ça m’amuse de faire ainsi ! Met toi ça dans ta sale petite tête de bois.» reprit-il.
Nouveau silence. Un sourire narquois fleurit finalement sur les lèvres du démoniste. Mais qui essayait-il d'en convaincre, au juste ? Son interlocuteur silencieux ? ... Ou bien lui même ?
« - Bon… Maintenant que tout est limpide entre nous, tâchons d’éclaircir quelques points demeurés obscurs. » grommela-t-il.
Sautant du lit pour se remettre sur ses pieds, il se dirigea rapidement vers une étagère poussiéreuse dont il balaya le contenu d’un revers de la main, projetant une multitude de petits objets au sol pour s’emparer d’un pot de craies. Puis, retroussant ses manches, il s’assit en tailleur à même le sol de pierre froide, s’empara d’une des craies, et traça autour de lui avec la sagacité attestant d’une longue habitude les contours d’un pentagramme protecteur. Alors il ferma les yeux, se projeta en son sanctuaire intérieur, où les flammes de sa magie s’enroulèrent autour des membres de son corps astral, lui procurant des sensations dépassant de loin la perception des profanes et que nuls mots n'auraient pu décrire avec exactitude.
Ses yeux verts se rouvrirent subitement, luisant légèrement d’une lueur sinistre, tandis qu’il se mettait à psalmodier une longue incantation en Eredun. Les contours du pentagramme s’enflammèrent, d’un feu vert, malsain, dégageant une abominable odeur de souffre… Et répondant à son appel, le tissu qui sous-tendait les mondes se déchira, ouvrant un portail tout droit vers les profondeurs du néant distordu, par lequel une silhouette pas plus grande qu’un chimpanzé s’empressa de se faufiler en faisant une cabriole, laissant dans son passage quelques traînées de flammèches grésillantes.
« - J’peux savoir pourquoi tu me convoques maintenant, Aschmoudet ? J’étais sur l’point d’conclure là, espèce de taré d’humain ! » s'écria une petite voix aigüe et dissonante.
Les sourcils du démoniste se plissèrent en une moue mécontente tandis qu'il avisait le diablotin juché sur une pile de vieux livres aux couvertures rongées par le temps, songeur. Encore une fois, le voilà qui faisait cavalier seul. Mais que faisaient les autres ? Certains avaient du se lancer sur la piste de la mystérieuse elfe. D'autres veillaient certainement sur Shimmÿ. D'autres encore se livraient à leurs propres besognes, dans leur coin. Chacun avait un rôle à jouer, avait dit un jour son mentor. Un rôle... Ce mot était devenu sujet à interprétation. Il pouvait être synonyme d'utilité, de fonction, ce qu'il avait longtemps cru. Mais peut-être... Qu'il s'agissait d'un rôle au sens littéral du terme, comme dans une pièce de théâtre ? Il était temps de s'en assurer.
« - Met la en sourdine, sale petit cafard, ou bien je m'assurerai de te renvoyer dans un coin désert du multivers où tu auras toute l'éternité pour retenir mon nom. Et si tu veux mon avis, l'éternité, cela pourrait te paraître long... Surtout vers la fin. » répondit-il d'un ton tranchant.
La créature écarquilla un peu ses petits yeux emplis de vice, et une légère boule se forma au niveau de sa gorge tandis qu'elle déglutissait. De mauvaise grâce, elle se cambra comme un singe savant qui se prépare à exécuter un tour sur l'ordre de son maître.
« - D'accord, d'accord, pas la peine d'en v'nir aux mains. Et alors ? Qu'est-ce que t'as b'soin de savoir c'te fois ? Ca concerne un sortilège oublié ? Un artefact maudit ? Une position tantrique interdite p'tet ? »
Ashmédaï reprit un visage impassible et grave. Le regard dans le vague, il haussa un sourcil.
« - Dis moi si tu sais quelque chose de ce que d'aucuns nomment le Complexus. »
La lueur de la lune se refléta sur l’acier des haches des deux gardes de faction, des nains musculeux à l’air patibulaire. Ils froncèrent leurs sourcils broussailleux puis s’écartèrent de concert en reconnaissant leur employeur. Celui-ci tira une simple clef de sa poche, et déverrouilla la banale serrure d’une vulgaire porte de bois renforcé. Pas de glyphe de garde, pas de piège, pas de dispositif sophistiqué pour protéger l’entrée de sa demeure : avec l’expérience, Ashmédaï avait appris deux choses concernant les possessions matérielles et l’intimité. La première était que celui qui s’en donne les moyens trouve toujours un chemin ; aussi une simple porte fermée et placée sous surveillance dissuasive arrêtera la majeure partie des indésirables, ceux qui sont à même de franchir un tel obstacle méritent généralement qu’on s’occupe d’eux par soi même. La seconde était… Que le mieux est encore de ne pas trop accorder d’importance ni aux choses matérielles, ni à l’intimité.
Refermant la porte derrière lui, il jeta sa cape froide et humide sur le dossier d’une chaise, passa distraitement la main dans ses cheveux après l’avoir humectée pour plaquer une mèche derrière son oreille… Et se débarrassa du petit pantin de bois juché sur son épaule, le jetant dans un coin de la pièce sans plus de considération. Alors, ne prenant même pas la peine d’ôter ses bottes, il bailla à s’en décrocher la mâchoire, s’allongea sur le lit, et sombra dans un sommeil sans rêves.
Il ne se réveilla que longtemps après que le soleil se soit levé, un rai de lumière venant lui chatouiller le menton. S’étirant, les cheveux en bataille et la gueule enfarinée, il haussa un sourcil dubitatif en découvrant le pantin assis au pied du lit dans ce qui s’apparentait à une position de méditation. Le démoniste se frotta la tempe, songeur, puis finit par darder un regard impassible sur la petite créature.
« - Alors tu le prends comme ça, hein. Et maintenant, qu’est-ce qui m’empêche de te réduire en cendres pour châtier cette insolence ? Le destin, peut-être ? »
Le silence lui répondit. Le spectateur n’esquissa pas le moindre geste.
« - Que cela soit bien clair. Je ne suis toujours pas d’accord avec toi. Je suis mon propre maître. Je l’ai toujours été. Le destin, ça n’existe pas, peu m’importe que je sois un sous-fifre à tes yeux et que je n’aie pas encore fait mes preuves parmi ta bande de détraqués. Si je t’épargne, c’est juste parce que ça m’amuse de faire ainsi ! Met toi ça dans ta sale petite tête de bois.» reprit-il.
Nouveau silence. Un sourire narquois fleurit finalement sur les lèvres du démoniste. Mais qui essayait-il d'en convaincre, au juste ? Son interlocuteur silencieux ? ... Ou bien lui même ?
« - Bon… Maintenant que tout est limpide entre nous, tâchons d’éclaircir quelques points demeurés obscurs. » grommela-t-il.
Sautant du lit pour se remettre sur ses pieds, il se dirigea rapidement vers une étagère poussiéreuse dont il balaya le contenu d’un revers de la main, projetant une multitude de petits objets au sol pour s’emparer d’un pot de craies. Puis, retroussant ses manches, il s’assit en tailleur à même le sol de pierre froide, s’empara d’une des craies, et traça autour de lui avec la sagacité attestant d’une longue habitude les contours d’un pentagramme protecteur. Alors il ferma les yeux, se projeta en son sanctuaire intérieur, où les flammes de sa magie s’enroulèrent autour des membres de son corps astral, lui procurant des sensations dépassant de loin la perception des profanes et que nuls mots n'auraient pu décrire avec exactitude.
Ses yeux verts se rouvrirent subitement, luisant légèrement d’une lueur sinistre, tandis qu’il se mettait à psalmodier une longue incantation en Eredun. Les contours du pentagramme s’enflammèrent, d’un feu vert, malsain, dégageant une abominable odeur de souffre… Et répondant à son appel, le tissu qui sous-tendait les mondes se déchira, ouvrant un portail tout droit vers les profondeurs du néant distordu, par lequel une silhouette pas plus grande qu’un chimpanzé s’empressa de se faufiler en faisant une cabriole, laissant dans son passage quelques traînées de flammèches grésillantes.
« - J’peux savoir pourquoi tu me convoques maintenant, Aschmoudet ? J’étais sur l’point d’conclure là, espèce de taré d’humain ! » s'écria une petite voix aigüe et dissonante.
Les sourcils du démoniste se plissèrent en une moue mécontente tandis qu'il avisait le diablotin juché sur une pile de vieux livres aux couvertures rongées par le temps, songeur. Encore une fois, le voilà qui faisait cavalier seul. Mais que faisaient les autres ? Certains avaient du se lancer sur la piste de la mystérieuse elfe. D'autres veillaient certainement sur Shimmÿ. D'autres encore se livraient à leurs propres besognes, dans leur coin. Chacun avait un rôle à jouer, avait dit un jour son mentor. Un rôle... Ce mot était devenu sujet à interprétation. Il pouvait être synonyme d'utilité, de fonction, ce qu'il avait longtemps cru. Mais peut-être... Qu'il s'agissait d'un rôle au sens littéral du terme, comme dans une pièce de théâtre ? Il était temps de s'en assurer.
« - Met la en sourdine, sale petit cafard, ou bien je m'assurerai de te renvoyer dans un coin désert du multivers où tu auras toute l'éternité pour retenir mon nom. Et si tu veux mon avis, l'éternité, cela pourrait te paraître long... Surtout vers la fin. » répondit-il d'un ton tranchant.
La créature écarquilla un peu ses petits yeux emplis de vice, et une légère boule se forma au niveau de sa gorge tandis qu'elle déglutissait. De mauvaise grâce, elle se cambra comme un singe savant qui se prépare à exécuter un tour sur l'ordre de son maître.
« - D'accord, d'accord, pas la peine d'en v'nir aux mains. Et alors ? Qu'est-ce que t'as b'soin de savoir c'te fois ? Ca concerne un sortilège oublié ? Un artefact maudit ? Une position tantrique interdite p'tet ? »
Ashmédaï reprit un visage impassible et grave. Le regard dans le vague, il haussa un sourcil.
« - Dis moi si tu sais quelque chose de ce que d'aucuns nomment le Complexus. »
Aschmédaï- Ensorceleur
- Messages : 255
Date d'inscription : 19/12/2010
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