(Histoire) Le mur de sable
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(Histoire) Le mur de sable
Les dunes blanches restèrent statiques un instant. Rien ne bougeait plus, ici, depuis des millénaires. La lumière crue, blanche, était aussi agressive que la chaleur sans précédent qui s'abattait ce jour là sur les murailles d'obsidienne. La lourde pierre, immuable, s'étirait sur des kilomètres, en arc de cercle, surplombant les montagnes arides qui se dressaient comme des lances. Des runes noires s'y étalaient sur toute la longueur, et tourbillonnaient autour de la grande Porte du Scarabée. L'Egide Noir de l'empire Qiraji étalait son ombre sur une parcelle du désert, alors que le soleil se déplaçait dans le ciel.
Il se déplaçait trop vite... "Tout ceci n'est pas réel".
- Et ensuite, Therod, que s'est-il passé ?
Dérélicte se tenait à côté de l'elfe, sur la haute muraille. A peine le soleil s'était-il couché que trois lunes émergeaient, et tournoyaient autour de l'immense désert, jusqu'à ralentir, et se placer en triangle à l'azimut parfait.
- La tempête... murmura le druide, incapable de dire autre chose.
Au loin, les sables semblèrent se soulever en un tsunami gigantesque, qui ondula jusqu'à déferler contre les murailles dans le vacarme de mille batons de pluie. Les lunes rayonnèrent de plus en plus fort, irradiant le désert comme en plein jour. Il était alors difficile de dicerner, avançant à pas lents, des centaines d'individus translucides de toutes races affluer du fin fond du désert. Lorsqu'ils furent assez près, Dérélicte put juger de leur nombre. Des dragons, des elfes, des humains, des créatures que le monde ne pensait même pas porter, en rangs désorganisés telle une armée de morts-vivants. Millions. C'était la seule pensée qui pouvait effleurer. Derrière le mur du Scarabée, les Qiraji se regroupaient en une épaisse muraille de chair derrière les pierres d'obsidiennes, prêts à se défendre. A leur commandement, en retrait, sur une scène de théatre en bois noir porté par plusieurs dizaines desclaves, Therod regardait d'un air inquiet tous ces sillithides affluer et se rassembler sous son ombre presque divine. Il revit la scène qu'il montrait à Dérélicte, par des yeux omniscients. Le chat ronronnait dans les bras du druide.
- Regarde, des engins de siège elfiques, ils se rassemblent... Nous arrivons à la bataille.
Dérélicte ne dit rien, elle regarda d'énormes béliers à tête de tigre et des balistes rouler sur les fantômes même, les traversant sans mal, et se placer en arc de cercle autour de la porte du Scarabée. Plus rien ne bougea. On n'entendait que le vent se lever peu à peu, soufflant entre les dunes redessinées, et le cliquetis des milliers d'armes et d'armures qui s'étalaient à perte de vue. La brise devint violente, jusqu'à devenir bourrasques chargées de sable épais et brûlant.
Soudain, entre deux pierres, elle résonna comme une corne de brume. Les armées se turent tout le temps de ce long signal macabre, et à nouveau le sable se souleva, au loin, en une bosse difforme. quelque chose perçait la terre en hurlant sa rage. Elle emprisonnait le coeur, le serrait, le tordait. Son cri perçait l'âme comme une dague perce la chair. Des fissures se dessinèrent rapidement autour de l'éruption qui semblait se préparer, et la terre se fendit au loin. Les reflets du magma vitrifiant le sable se refletaient sur les nuages qui venaient du lointain, voilant lentement le ciel noir. Le cri devint de plus en plus distinct, lorsque une immense tête féminine émergea du désert, et que sa main de bronze claqua sur le sable dans un rugissement. Sa chevelure de lave et de feu refroidit en une épaisse masse rousse et flamboyante, qui claquait dans le ciel comme des fouets.
Dérélicte entrouvrit la bouche.
- Ce n'est pas...
- Lizaveth. Si.
Les armées se mirent en marche sur le mur, d'un seul mouvement, guidé par leur Reine, et commencèrent à enfoncer la porte. Les antiques pierres d'obisidienne gémirent sous l'assaut sourd et assourdissant. Aucun cri de guerre, juste une férocité qui résonnait et hurlait au plus profond de la terre. Les pas de Lizaveth écrasaient des centaines de ses propres guerriers alors qu'elle avançait à grands pas vers la muraille.
"VOTRE RESISTANCE EST INUTILE, THEROD AUN'DORE, CAR JE DECOUVRIRAI TRES VITE TOUS VOS SECRETS..."
Sa voix tonnait de tous les points cardinaux dans un vacarme uni, alors qu'elle s'approchait de la muraille. D'un geste désinvolte elle foudroya la muraille qui vola en éclat. Les dragons vers, ambres, rouges, noirs, bleus fondirent sur l'empire. Les éléments se déchainaient partout. Lizaveth rassembla les nuages, et fit pleuvoir sur les fondations noires des pluies de feu et de glace qui ravageaient tout. En un instant, elle avait anéanti ce qui protégeait 7000 ans d'histoire de Therod, et toutes ces âmes, toutes ces rencontres, chacun de ces reflets venait occuper la moindre parcelle d'espace, hurlant, parlant, pleurant, déchirant l'esprit.
La bataille était terminée. Therod, tombé de son estrade, rampait pour fuir vers le sud. Liza rit, et avança jusqu'à lui.
"TA MEMOIRE M'APPARTIENT, DESORMAIS". Elle tourna alors le visage vers sa gauche, et ce qu'elle vit lui fit pousser un cri de rage et de frustration. Un immense mur de flammes tourbillonnait, et d'immenses gueules de dragon fantomatiques se formaient pour essayer de la mordre. Derrière ce mur, on distinguait des terres déchirées, qui portaient encore les marques d'ongles gigantesques qui avaient arraché une parcelle de mémoire.
Et qui n'avaient laissé, derrière eux, que des ilots épars et dévastés. Et un grand vide.
Lizaveth tourna la tête vers Therod et Dérélicte, ses cheveux enflammés se dressèrent autour d'elle, et elle poussa un hurlement si effrayant que le druide laissa tomber le chat. En un éclair, comme si tout avait été happé, l'environnement disparut. Il ne resta que Lizaveth, comme une persistance rétinienne, figée la bouche grande ouverte dans sa rage, qui finit, elle aussi, absorbée dans les ténèbres.
Dérélicte poussa un cri et bondit hors du lit, tombant sur le sol de pierre de Forgefer. Son chat bondit dans ses bras, appeuré. Elle regarda Therod en plissant un peu les yeux...
- Vous êtes décidément plein de secrets, Masque Blanc...
Il se déplaçait trop vite... "Tout ceci n'est pas réel".
- Et ensuite, Therod, que s'est-il passé ?
Dérélicte se tenait à côté de l'elfe, sur la haute muraille. A peine le soleil s'était-il couché que trois lunes émergeaient, et tournoyaient autour de l'immense désert, jusqu'à ralentir, et se placer en triangle à l'azimut parfait.
- La tempête... murmura le druide, incapable de dire autre chose.
Au loin, les sables semblèrent se soulever en un tsunami gigantesque, qui ondula jusqu'à déferler contre les murailles dans le vacarme de mille batons de pluie. Les lunes rayonnèrent de plus en plus fort, irradiant le désert comme en plein jour. Il était alors difficile de dicerner, avançant à pas lents, des centaines d'individus translucides de toutes races affluer du fin fond du désert. Lorsqu'ils furent assez près, Dérélicte put juger de leur nombre. Des dragons, des elfes, des humains, des créatures que le monde ne pensait même pas porter, en rangs désorganisés telle une armée de morts-vivants. Millions. C'était la seule pensée qui pouvait effleurer. Derrière le mur du Scarabée, les Qiraji se regroupaient en une épaisse muraille de chair derrière les pierres d'obsidiennes, prêts à se défendre. A leur commandement, en retrait, sur une scène de théatre en bois noir porté par plusieurs dizaines desclaves, Therod regardait d'un air inquiet tous ces sillithides affluer et se rassembler sous son ombre presque divine. Il revit la scène qu'il montrait à Dérélicte, par des yeux omniscients. Le chat ronronnait dans les bras du druide.
- Regarde, des engins de siège elfiques, ils se rassemblent... Nous arrivons à la bataille.
Dérélicte ne dit rien, elle regarda d'énormes béliers à tête de tigre et des balistes rouler sur les fantômes même, les traversant sans mal, et se placer en arc de cercle autour de la porte du Scarabée. Plus rien ne bougea. On n'entendait que le vent se lever peu à peu, soufflant entre les dunes redessinées, et le cliquetis des milliers d'armes et d'armures qui s'étalaient à perte de vue. La brise devint violente, jusqu'à devenir bourrasques chargées de sable épais et brûlant.
Soudain, entre deux pierres, elle résonna comme une corne de brume. Les armées se turent tout le temps de ce long signal macabre, et à nouveau le sable se souleva, au loin, en une bosse difforme. quelque chose perçait la terre en hurlant sa rage. Elle emprisonnait le coeur, le serrait, le tordait. Son cri perçait l'âme comme une dague perce la chair. Des fissures se dessinèrent rapidement autour de l'éruption qui semblait se préparer, et la terre se fendit au loin. Les reflets du magma vitrifiant le sable se refletaient sur les nuages qui venaient du lointain, voilant lentement le ciel noir. Le cri devint de plus en plus distinct, lorsque une immense tête féminine émergea du désert, et que sa main de bronze claqua sur le sable dans un rugissement. Sa chevelure de lave et de feu refroidit en une épaisse masse rousse et flamboyante, qui claquait dans le ciel comme des fouets.
Dérélicte entrouvrit la bouche.
- Ce n'est pas...
- Lizaveth. Si.
Les armées se mirent en marche sur le mur, d'un seul mouvement, guidé par leur Reine, et commencèrent à enfoncer la porte. Les antiques pierres d'obisidienne gémirent sous l'assaut sourd et assourdissant. Aucun cri de guerre, juste une férocité qui résonnait et hurlait au plus profond de la terre. Les pas de Lizaveth écrasaient des centaines de ses propres guerriers alors qu'elle avançait à grands pas vers la muraille.
"VOTRE RESISTANCE EST INUTILE, THEROD AUN'DORE, CAR JE DECOUVRIRAI TRES VITE TOUS VOS SECRETS..."
Sa voix tonnait de tous les points cardinaux dans un vacarme uni, alors qu'elle s'approchait de la muraille. D'un geste désinvolte elle foudroya la muraille qui vola en éclat. Les dragons vers, ambres, rouges, noirs, bleus fondirent sur l'empire. Les éléments se déchainaient partout. Lizaveth rassembla les nuages, et fit pleuvoir sur les fondations noires des pluies de feu et de glace qui ravageaient tout. En un instant, elle avait anéanti ce qui protégeait 7000 ans d'histoire de Therod, et toutes ces âmes, toutes ces rencontres, chacun de ces reflets venait occuper la moindre parcelle d'espace, hurlant, parlant, pleurant, déchirant l'esprit.
La bataille était terminée. Therod, tombé de son estrade, rampait pour fuir vers le sud. Liza rit, et avança jusqu'à lui.
"TA MEMOIRE M'APPARTIENT, DESORMAIS". Elle tourna alors le visage vers sa gauche, et ce qu'elle vit lui fit pousser un cri de rage et de frustration. Un immense mur de flammes tourbillonnait, et d'immenses gueules de dragon fantomatiques se formaient pour essayer de la mordre. Derrière ce mur, on distinguait des terres déchirées, qui portaient encore les marques d'ongles gigantesques qui avaient arraché une parcelle de mémoire.
Et qui n'avaient laissé, derrière eux, que des ilots épars et dévastés. Et un grand vide.
Lizaveth tourna la tête vers Therod et Dérélicte, ses cheveux enflammés se dressèrent autour d'elle, et elle poussa un hurlement si effrayant que le druide laissa tomber le chat. En un éclair, comme si tout avait été happé, l'environnement disparut. Il ne resta que Lizaveth, comme une persistance rétinienne, figée la bouche grande ouverte dans sa rage, qui finit, elle aussi, absorbée dans les ténèbres.
Dérélicte poussa un cri et bondit hors du lit, tombant sur le sol de pierre de Forgefer. Son chat bondit dans ses bras, appeuré. Elle regarda Therod en plissant un peu les yeux...
- Vous êtes décidément plein de secrets, Masque Blanc...
Therod- Myrmidon
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Date d'inscription : 26/07/2010
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