(SCENE 23) Ballotée par les vents...
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Llyah
Khalal
Lizaveth
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(SCENE 23) Ballotée par les vents...
(HRP : cette Scène clos l'histoire de la carte du Mat, commencée lors les scènes ==> [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]) |
Une Carte.
Un Fou.
Le Vent.
C'est tout ce à quoi j'ai accès? Rien. Ici? Du vide rien que du vide. Un mur. Le même. Tout autour de moi. Et derrière? La liberté.
Combien de temps ici? Je ne sais plus. Jour? Nuit? Heure? Mois?... Année...? Je ne sais rien. Tout ça m'est interdit.
Je ne peut pas rêver. Où es-tu?
...
Qui je suis? Rien?... Ici? Du vide.
Puis vint la sauveuse
soit-elle bénie
cette grande chaleureuse
car en elle, je vis!
"La messe. Est dite. Regagnez vos auspices. Et dormez, chuuuuuuut..."
Lizaveth- Messages : 11
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
Ca y est...
Je le sens l'air, le toucher, la liberté, les coeurs qui battent. Le mien. Aussi.
La chaleur, la forge, les bruits, la vie, les coeurs qui battent. Le mien. Aussi.
Je vois, longueurs inexpliquables des couloirs de la montagne. Les visages tous différents.
Je goûte à nouveau. Les fruits débordent de saveur.
Je vous regarde.
Je suis là.
Je possède... La Création.
Je le sens l'air, le toucher, la liberté, les coeurs qui battent. Le mien. Aussi.
La chaleur, la forge, les bruits, la vie, les coeurs qui battent. Le mien. Aussi.
Je vois, longueurs inexpliquables des couloirs de la montagne. Les visages tous différents.
Je goûte à nouveau. Les fruits débordent de saveur.
Je vous regarde.
Je suis là.
Je possède... La Création.
Lizaveth- Messages : 11
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
13 arpente furieusement la planque, ses lucioles luisant dans ses cheveux, repensant aux événements
Traori qui annonce la nouvelle : La carte qu'elle devait protéger, a été volé...
Immédiatement tout le monde, surtout ceux qui ont déjà eu des souçi avec Lizaveth, s'inquietent, demandent des nouvelles.
K. emet un grognement, meme s'isoler n'arrive plus à lui apporter le repos escompté,un peu de paix éphémère.
Rapidement, la méfiance s'installe. Ou est elle ? dans qui ?!
Les tensions entre les personnes se font sentir, les suspiscions commencent...Mauvais signe, il faut etre soudé.
Les premiers à réagir sont sa malicié et le rouquin demoniste, bonne initiative... Mais SA maison commence à se diviser.
Tout le monde peut etre sous son controle...meme lui.
Première chose: Vérifier que personne dans les membres present n'est possédé par elle :
Fouiller leur souvenir, voir leur reves...Et on pense qu'il y prend plaisir, comme si il s'interessait à leur petite vie privé !
Chercher Lasita, une priorité, Dérélicte la retrouve attaché et inconsciente dans la reserve de la Ligue des Explorateur
A nouveau il doit fouiller dans ses reves :
1 mois...1 mois que la gnome est sous controle de Lizaveth, il a fallut que Dérélicte se plaigne devant Lasita...une gamine !!...Pour que l'enfer recommence !
La pretresse a pris posséssion d'elle des qu'elle toucha la carte.
Pendant cette période la gamine entre en contact avec un nain de la ligue, un simple balayeur. Il faut le retrouver
En parallèle de ça, une gamine vendeuse de tarte vient vendre des tartes...laissant dans l'une d'elle une feve representant le mat.
Evidement on s'en rend compte trop tard...
13 grogne...Elle fut si proche...Elle c'est encore jouée d'eux..
Traori qui annonce la nouvelle : La carte qu'elle devait protéger, a été volé...
Immédiatement tout le monde, surtout ceux qui ont déjà eu des souçi avec Lizaveth, s'inquietent, demandent des nouvelles.
K. emet un grognement, meme s'isoler n'arrive plus à lui apporter le repos escompté,un peu de paix éphémère.
Rapidement, la méfiance s'installe. Ou est elle ? dans qui ?!
Les tensions entre les personnes se font sentir, les suspiscions commencent...Mauvais signe, il faut etre soudé.
Les premiers à réagir sont sa malicié et le rouquin demoniste, bonne initiative... Mais SA maison commence à se diviser.
Tout le monde peut etre sous son controle...meme lui.
Première chose: Vérifier que personne dans les membres present n'est possédé par elle :
Fouiller leur souvenir, voir leur reves...Et on pense qu'il y prend plaisir, comme si il s'interessait à leur petite vie privé !
Chercher Lasita, une priorité, Dérélicte la retrouve attaché et inconsciente dans la reserve de la Ligue des Explorateur
A nouveau il doit fouiller dans ses reves :
1 mois...1 mois que la gnome est sous controle de Lizaveth, il a fallut que Dérélicte se plaigne devant Lasita...une gamine !!...Pour que l'enfer recommence !
La pretresse a pris posséssion d'elle des qu'elle toucha la carte.
Pendant cette période la gamine entre en contact avec un nain de la ligue, un simple balayeur. Il faut le retrouver
En parallèle de ça, une gamine vendeuse de tarte vient vendre des tartes...laissant dans l'une d'elle une feve representant le mat.
Evidement on s'en rend compte trop tard...
13 grogne...Elle fut si proche...Elle c'est encore jouée d'eux..
Khalal- Chimère de L'Ephémère
- Messages : 448
Date d'inscription : 07/11/2009
Age : 39
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
Elle sera cible un jour.. mais uniquement quand elle le décidera.
D'ici là, elle n'offrirai pas une proie trop facile à Lizaveth. La décision fut rapide, quelques
affaires prises, un rouquin en compagnie, elle chercha un endroit où elle n'aurait simplement pas pensé à aller... un endroit sans lien, ni avec Asch, ni avec elle...
Dans les tourmentes de la neige du berceau de l'hiver, cachés au chaud, les deux flammes de l'éphémère discutent... en contact régulier avec Khalal.
Vérifier qu'aucun d'entre eux n'est Lizaveth. Soit... mais plus facile à dire qu'à faire.
Ils ont la conviction de ne l'être ni l'un ni l'autre, mais puisqu'il faut en être certain...
Asch met en place sa solution : un ritueldestiné à pouvoir vérifier qu'une seule âme habite un corps. Long et surtout... magique... très magique.
Llyah panique... pourquoi faut-il que ça soit si démonstratif.. si...
La peur s'amplifie, devient incontrôlable... elle arrive tout juste a ne pas s'enfuir... jusqu'à ce que le rituel commence à fonctionner et qu'elle n'ait plus lechoix...
Âme. Oui les roux en ont... et celle d'Aschmédaï est unique. Au propre comme au figuré. Lizaveth n'est pas là.
Au tour de l'apeurée... le rituel se tourne sur elle... le démoniste commence a arpenter son esprit.. et se retrouve nez à nez, avec l'image de deux versions de Llyah miniatures.
10 ou 12 ans, pas plus, une des deux se mets clairement en travers du chemin du sorcier, tandis que l'autre observe. Le vent hurle et les vagues rugissent en jetant sesgouttelettes fines d'eau dans l'air.
Va-t-en ! Fiche nous la paix !
La voix de la petite furieuse résonne, et le vent souffle plus fort. Devant l'insistance du rouquin, elle s'enrage, et semble disparaitre de colère, laissant la petite Llyah devant lui...
Etqu'une bourrasque l'éjecte loin de son esprit.
---
Lou réapparut, sourire aux lèvres.
C'pas mal Llyly c'coup là !! Je l'avais prévenu !
Llyah sourit à sa sœur : Lou avait décidé de renvoyer le sorcier... elle l'avait écouté, pourtant... il y avait quelque chose dans les yeux de l'homme qui... lui laissait un drôle d'effet.
Dans l'esprit de Llyah, les deux enfants se dissipèrent, la menace ayant disparue.
Fin de partie... la méthode douce avait échouée, laissant une rouquine épuisée.
Llyah- Espionne
- Messages : 212
Date d'inscription : 12/07/2010
Age : 41
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
Il est des choses bien pires qu'un démoniste impulsif : un démoniste impulsif et frustré, par exemple.
Aschmédaï refusait de rester sur une semi-défaite. D'accord, c'était un fait, Llyah avait horreur des rituels bizarres. D'accord, les sentiments qu'il éprouvait pour elle ne facilitaient pas les choses. D'accord, il avait épuisé la liste des possibilités que lui offraient la décence...
Il lui restait les autres.
Il commença par mettre la rouquine en confiance avec un solide petit déjeuner au lit. Puis il enchaina sur un sujet de discussion des plus insolites dont la trame, il se le jura intérieurement, ne quitterait jamais cette salle...
Lorsque sa compagne lui parut enfin détendue et moins sur la défensive qu'à son habitude, il se décida à la neutraliser discrètement pour avoir le champ libre et passer à l'action. Combien de fois avait-il déjà fait ce genre de choses, déjà ? La force de l'habitude aidant, cela serait rapide, très rapide. Une ou deux minutes peut-être moins ? Avec un peu de chance, elle ne se rendrait même compte de rien...
Ou pas. En réalité, cela dura assez longtemps, ce fut long, difficile et fastidieux, si bien qu'il se promit à plusieurs reprises qu'on ne l'y reprendrait pas, alors qu'il ne savait que trop qu'il ne pourrait jamais tenir ce genre de promesse.
S'infiltrer ne posa pas de problème. Ce fut une fois à l'intérieur que les choses se compliquèrent. Encore fallait-il ne pas causer trop de dégâts tant qu'il y était ! Le résultat demeurait mitigé, cependant. Bien que l'objectif fût atteint, la méthode employée lui laissait l'arrière goût amer du travail ni fait, ni à faire.
Reprenant ses esprits, épuisé, sa malheureuse victime quant à elle dans un état proche de la catatonie, il poussa plusieurs longs soupirs, dont certains de soulagement. La rouquine était pure, nulle trace du passage de Lizaveth !
Et dire que tout cela allait devoir faire l'objet d'un rapport... Cette pensée lui arracha un froncement de sourcils. Il aurait peut-être intérêt à reformuler tout ça, songea-t-il... Parce que maintenant qu'il y pensait... Des gens à l'esprit mal placé allaient encore sauter à tout un tas de conclusions aussi hâtives que malvenues..
Aschmédaï refusait de rester sur une semi-défaite. D'accord, c'était un fait, Llyah avait horreur des rituels bizarres. D'accord, les sentiments qu'il éprouvait pour elle ne facilitaient pas les choses. D'accord, il avait épuisé la liste des possibilités que lui offraient la décence...
Il lui restait les autres.
Il commença par mettre la rouquine en confiance avec un solide petit déjeuner au lit. Puis il enchaina sur un sujet de discussion des plus insolites dont la trame, il se le jura intérieurement, ne quitterait jamais cette salle...
Lorsque sa compagne lui parut enfin détendue et moins sur la défensive qu'à son habitude, il se décida à la neutraliser discrètement pour avoir le champ libre et passer à l'action. Combien de fois avait-il déjà fait ce genre de choses, déjà ? La force de l'habitude aidant, cela serait rapide, très rapide. Une ou deux minutes peut-être moins ? Avec un peu de chance, elle ne se rendrait même compte de rien...
Ou pas. En réalité, cela dura assez longtemps, ce fut long, difficile et fastidieux, si bien qu'il se promit à plusieurs reprises qu'on ne l'y reprendrait pas, alors qu'il ne savait que trop qu'il ne pourrait jamais tenir ce genre de promesse.
S'infiltrer ne posa pas de problème. Ce fut une fois à l'intérieur que les choses se compliquèrent. Encore fallait-il ne pas causer trop de dégâts tant qu'il y était ! Le résultat demeurait mitigé, cependant. Bien que l'objectif fût atteint, la méthode employée lui laissait l'arrière goût amer du travail ni fait, ni à faire.
Reprenant ses esprits, épuisé, sa malheureuse victime quant à elle dans un état proche de la catatonie, il poussa plusieurs longs soupirs, dont certains de soulagement. La rouquine était pure, nulle trace du passage de Lizaveth !
Et dire que tout cela allait devoir faire l'objet d'un rapport... Cette pensée lui arracha un froncement de sourcils. Il aurait peut-être intérêt à reformuler tout ça, songea-t-il... Parce que maintenant qu'il y pensait... Des gens à l'esprit mal placé allaient encore sauter à tout un tas de conclusions aussi hâtives que malvenues..
Aschmédaï- Ensorceleur
- Messages : 255
Date d'inscription : 19/12/2010
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
Nelapsi, vient a la planque, de suite s'il te plait.
Aux mots de la naine, la jeune druide ouvrit les yeux, sortant de sa concentration. Elle fronça les sourcils en regardant sa luciole. Shimmy, qui parlait avec des mots entiers, sans surnom ridicule, ni jeu de mot vaseux, qui donnait rendez vous dans un endroit inhabituel pour la Saltimbance, et qui en plus disait "s'il te plait"... Il se passait quelque chose de grave.
En chemin, elle réfléchissait. Un blessé? Un mort? Qui? Comment? Mais elle était loin de se douter de ce que la naine allait lui dire.
Lizaveth a disparut, on ne sait pas où elle est. Je voulais te le dire de vive voix.
Le cœur de Nelapsi sembla s'arrêter de battre une fraction de seconde. Et ce nom résonna a ses oreilles.
Lizaveth...
Endormie, elle se tournait et se retournait dans son lit, murmurant ce nom maudit. Lizaveth. Celle qui lui avait volé un demi siècle de sa vie. Celle qui avait joué avec son corps, méprisant son esprit, le gardant enfermé tout au fond de son être. La pire angoisse de Nelapsi. Et sa plus grande haine.
La jeune elfe se réveilla en grognant, se redressant dans son lit pour venir poser son visage dans ses mains. Déjà que ses nuits n'étaient plus vraiment reposantes, si en plus ses journées devaient redevenir des traques, et des soupçons...
Nelapsi se leva et se dirigea vers le balcon, posant ses mains sur la rambarde et ses yeux sur la forêt en dessous. La simple chemise qu'elle portait ondulait dans le vent, dévoilant sur sa poitrine la marque qui semblait luire à la lumière de la lune. Elle poussa un soupir. Lizaveth... Où que tu sois, nous te retrouverons. Et nous ne te laisserons pas une nouvelle chance... Tu ne jouera plus avec nous. Comme avec cette fève.
Nelapsi serra le point. Pourquoi elle? Pourquoi c'était elle qui avait eu cette maudite fève? Elle avait distribué les parts, n'importe qui d'autre aurait dû l'avoir... Ce n'était qu'un hasard, évidement... mais si amer... Nelapsi grogna de rage, et siffla entre ses dents.
Lizaveth, tu me paiera pour tout ça... Crois moi...
Aux mots de la naine, la jeune druide ouvrit les yeux, sortant de sa concentration. Elle fronça les sourcils en regardant sa luciole. Shimmy, qui parlait avec des mots entiers, sans surnom ridicule, ni jeu de mot vaseux, qui donnait rendez vous dans un endroit inhabituel pour la Saltimbance, et qui en plus disait "s'il te plait"... Il se passait quelque chose de grave.
En chemin, elle réfléchissait. Un blessé? Un mort? Qui? Comment? Mais elle était loin de se douter de ce que la naine allait lui dire.
Lizaveth a disparut, on ne sait pas où elle est. Je voulais te le dire de vive voix.
Le cœur de Nelapsi sembla s'arrêter de battre une fraction de seconde. Et ce nom résonna a ses oreilles.
Lizaveth...
Endormie, elle se tournait et se retournait dans son lit, murmurant ce nom maudit. Lizaveth. Celle qui lui avait volé un demi siècle de sa vie. Celle qui avait joué avec son corps, méprisant son esprit, le gardant enfermé tout au fond de son être. La pire angoisse de Nelapsi. Et sa plus grande haine.
La jeune elfe se réveilla en grognant, se redressant dans son lit pour venir poser son visage dans ses mains. Déjà que ses nuits n'étaient plus vraiment reposantes, si en plus ses journées devaient redevenir des traques, et des soupçons...
Nelapsi se leva et se dirigea vers le balcon, posant ses mains sur la rambarde et ses yeux sur la forêt en dessous. La simple chemise qu'elle portait ondulait dans le vent, dévoilant sur sa poitrine la marque qui semblait luire à la lumière de la lune. Elle poussa un soupir. Lizaveth... Où que tu sois, nous te retrouverons. Et nous ne te laisserons pas une nouvelle chance... Tu ne jouera plus avec nous. Comme avec cette fève.
Nelapsi serra le point. Pourquoi elle? Pourquoi c'était elle qui avait eu cette maudite fève? Elle avait distribué les parts, n'importe qui d'autre aurait dû l'avoir... Ce n'était qu'un hasard, évidement... mais si amer... Nelapsi grogna de rage, et siffla entre ses dents.
Lizaveth, tu me paiera pour tout ça... Crois moi...
Nelapsi- Contorsionniste
- Messages : 119
Date d'inscription : 14/10/2010
Age : 34
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
*Quelques semaines plus tard*
Elle attendit midi, histoire que la plus part soient levéset réveillé. Elle prit alors la parole pour s'adresser à tous, via les lucioles, d'une voix terne et monocorde. Si quelqu'un cherchait à l'interrompre, elle continuerait sur le même ton, à la même vitesse, à la même hauteur, comme un automate débitant son texte.
"Enfants de Maezel. Il est temps que je vous dise à tous ce que je sais sur les événements de samedi soir."
"Pour commencer, je rappelle que les premières fois où vous m’avez décrit Lizaveth telle que vous la connaissiez, je ne vous ai pas crus. Je ne pouvais pas concevoir qu’elle ait changé à ce point. J’ai même cru à un complot de votre part : peut être qu’en réalité elle avait appris que Maezel était dangereux et qu’il ne fallait pas le libérer… ou peut être que vous vouliez en réalité empêcher Maezel de revenir, tout simplement. Et puis… j’ai commencé à douter. Si vous vouliez me mentir, il y avait de meilleures histoires en raconter. Sans compter que j’ai vu la douleur, la colère ou la peur dans les yeux ou dans les voix de certains. Je pense à Llyah et Nelapsi, entre autres."
"Et puis... Lizaveth m’avait contactée. Il y a déjà plusieurs semaines. Elle était à ce moment-là déjà dans le corps de Khalal. J’ai appris un peu plus tard qu’elle avait pris son contrôle peu avant mon arrivée parmi vous. Oui j’ai toujours adoré Lizaveth, je l’ai considérée comme ma grande sœur et ma meilleure amie, et plus encore. Et oui j’ai toujours affirmé et martelé qu’elle avait été la meilleure personne qui puisse être. Aujourd’hui, c’est encore vrai : elle l’a été."
"Cependant… je doutais. Ce doute s’est très vite envolé de mon esprit les premières fois où nous nous sommes vues physiquement ou quand elle venait me rendre visite dans mes rêves. J’étais si heureuse… quelqu’un qui me comprenait. Quelqu’un qui me connaissait. Quelqu’un de j’idolâtrait. Quelqu’un contre qui je n’avais pas à me battre sans arrêt. Je ne pensais qu'à elle, qu'à nous, qu'à notre passé.
Mais le doute persistais, surtout qu'elle ne me révélait jamais le pourquoi de ses actes. J’étais déchirée… mais j’ai cru en elle comme dans le passé, et tant qu’elle ne faisait rien de mal 'sous mes yeux', pourquoi la dénoncer ?"
"En conséquence, j’ai donc décidé de ne pas vous dire où était Lizaveth. Mais je lui ai aussi dit que je ne lui apporterais aucun soutien tant qu’elle ne m’expliquerait pas son comportement. Quant au travers d’un rêve elle m’a demandée de l’aider à prendre le corps de Llyah, il y a deux ou trois semaines, je lui ai rappelée que je ne l’aiderais pas si je n’avais pas son explication. Elle a toujours repoussé ce moment là… 'Je ne veux pas faire ça à travers un rêve' ou 'Je ne peux pas venir te voir, le corps de Khalal m’épuise, je suis fatiguée' ou encore 'Je ne peux pas venir, j’ai d’autres choses à régler ; Khalal est une personne très occupée'."
Elle marqua une brève pause pour la première fois, mais ne laissa à personne le temps d'en placer une.
"Mais tout à changer samedi soir. Elloth m’a demandée d’aller la voir dans un coin désert du musée de Forgefer. En réalité, ce n’était pas elle. C’était Lizaveth. Elle m’a encore demandée son aide et j’ai refusé. De notre temps, la liberté était un élément fondamental ; pourquoi devrais-je l’aider à prendre le corps d’une autre personne contre son accord ? Que deviendrait Llyah ? Tout comme moi, Lizaveth a perdu son corps il y a presque 150 000 ans. Je lui aurais donné 'le mien' sans hésiter, je le lui avais même proposé. Ou sinon, on aurait trouvé une personne qui ne méritait pas son corps.
Mais non, elle ne voulait pas. Et puis sans trop comprendre ce qu’il se passait… j’ai commencé à douter. Je ne sais pas vraiment ce qu’il m’est passé par la tête… je lui faisais confiance avant, pourquoi pas aujourd’hui encore ? Elle n’avait pas changé à ce point, c’était impossible. Je me suis souvenue de tout ce qu’elle avait fait pour moi, de toutes les fois où elle avait été présente. Et puis je l’ai suivie. Elle méritait un corps qu’elle aime après toutes ces douleurs et ces sacrifices. Et je pouvais transférer Llyah dans un autre corps grâce au sablier, elle comprendrait."
"Nous sommes parties pour le Marais des Chagrins, sur le navire qui servait de repaire à Llyah et Aschmédaï. C’est un peu confus dans ma tête. Je me rappelle vaguement qu’Aschémdaï a appelé au secours via les lucioles, qu'il a fini par terre et que j’ai dû le frapper plus d’une fois pour qu’il perde connaissance. Llyah ne voulait pas se montrer aussi. Et pendant que nous fouillions le navire, Lindorel est arrivée, et je l’ai dissuadée d’agir, lui assurant que tout allait bien, qu’elle n’avait pas à s’inquiéter.
Mais quand elle a compris qu’Elloth était Lizaveth et que je l’aidais, elle a voulu attaquer. Elle s’est mise devant Aschmédaï le temps qu’il revienne à ses esprits et moi je me suis mise devant Elloth-Lizaveth. Je ne voulais pas m’en prendre à Lindorel, je l’aime beaucoup, mais je ne voulais pas que celle qui avait été là pour moi ne soit blessée ; il lui fallait le corps de Llyah de toute façon. En parlant de la Rouquine, elle est apparue à ce moment là mais Elloth-Lizaveth a esquivé. Elle s’est servie de la Carte du Mat pour forcer Llyah à attaquer Lindorel (Empereur), immobiliser celle-ci (Pendu) et donner une crise de fou rire à Aschmédaï (Bateleur). C’est juste avant que Lindorel a dû utiliser la carte du Jugement pour me libérer de la ou des cartes dont Lizaveth s’est servie sur moi.
Quand j’ai vu ce spectacle, et le rire dément d’Elloth-Lizveth, je me suis jetée sur elle pour lui prendre la Carte. Je comptais prendre Lizaveth en moi et me poignarder ensuite pour qu’elle ne nuise plus. Mais avant que je n’agisse j’ai senti quelqu’un qui riait me soulever et me jeter à la mer. Sûrement pour que je me noie. Cette idée venant d’une autre personne que moi, je n’apprécie pas particulièrement. M’assommer aurait suffit. Mais dans le feu de l’action, peut être n’a-t-il pas eu le choix."
Elle préféra éviter une petit pause à ce moment. Elle voulait terminer son récit. Elle le devait !
"La suite, on me l’a rapportée puisque Lizaveth avait le contrôle de mon corps. Moi-Lizaveth a nagé jusqu’à la berge. Elle a essayé d’invoquer un Infernal pour briser le ponton, et empêcher ses poursuivants de la suivre. Ca a échoué. Lindorel l’a gelée alors qu’elle était presque sortie de l’eau. Elloth, qui avait repris ses esprits, a retiré la Carte du Mat de ma main et je me suis effondrée."
"Après avoir repris conscience, Elloth est allée mettre le Mat en sécurité à la Résidence. Llyah et Aschmédaï affirmaient que j’étais une traitresse. Ce que je comprends à cause de mon comportement. Cependant, Lindorel pourra confirmer que j’étais sous l’influence d’une ou plusieurs cartes."
"Pour terminer, Lindorel m’a ramenée à la Résidence et après une courte discussion avec Elloth, je lui ai demandée qu’on m’enferme dans ma chambre le temps que l’on juge mes actes."
Elle laissa trainer un blanc, et alors que quelqu'un commençait à parler, elle coupa la parole et acheva...
"Merci de votre attention. Pour les questions, plus tard. J'ai besoin d'être seule."
Et puis elle mit la luciole en bocal, histoire d'être certaine que personne ne la dérange.
"Enfants de Maezel. Il est temps que je vous dise à tous ce que je sais sur les événements de samedi soir."
"Pour commencer, je rappelle que les premières fois où vous m’avez décrit Lizaveth telle que vous la connaissiez, je ne vous ai pas crus. Je ne pouvais pas concevoir qu’elle ait changé à ce point. J’ai même cru à un complot de votre part : peut être qu’en réalité elle avait appris que Maezel était dangereux et qu’il ne fallait pas le libérer… ou peut être que vous vouliez en réalité empêcher Maezel de revenir, tout simplement. Et puis… j’ai commencé à douter. Si vous vouliez me mentir, il y avait de meilleures histoires en raconter. Sans compter que j’ai vu la douleur, la colère ou la peur dans les yeux ou dans les voix de certains. Je pense à Llyah et Nelapsi, entre autres."
"Et puis... Lizaveth m’avait contactée. Il y a déjà plusieurs semaines. Elle était à ce moment-là déjà dans le corps de Khalal. J’ai appris un peu plus tard qu’elle avait pris son contrôle peu avant mon arrivée parmi vous. Oui j’ai toujours adoré Lizaveth, je l’ai considérée comme ma grande sœur et ma meilleure amie, et plus encore. Et oui j’ai toujours affirmé et martelé qu’elle avait été la meilleure personne qui puisse être. Aujourd’hui, c’est encore vrai : elle l’a été."
"Cependant… je doutais. Ce doute s’est très vite envolé de mon esprit les premières fois où nous nous sommes vues physiquement ou quand elle venait me rendre visite dans mes rêves. J’étais si heureuse… quelqu’un qui me comprenait. Quelqu’un qui me connaissait. Quelqu’un de j’idolâtrait. Quelqu’un contre qui je n’avais pas à me battre sans arrêt. Je ne pensais qu'à elle, qu'à nous, qu'à notre passé.
Mais le doute persistais, surtout qu'elle ne me révélait jamais le pourquoi de ses actes. J’étais déchirée… mais j’ai cru en elle comme dans le passé, et tant qu’elle ne faisait rien de mal 'sous mes yeux', pourquoi la dénoncer ?"
"En conséquence, j’ai donc décidé de ne pas vous dire où était Lizaveth. Mais je lui ai aussi dit que je ne lui apporterais aucun soutien tant qu’elle ne m’expliquerait pas son comportement. Quant au travers d’un rêve elle m’a demandée de l’aider à prendre le corps de Llyah, il y a deux ou trois semaines, je lui ai rappelée que je ne l’aiderais pas si je n’avais pas son explication. Elle a toujours repoussé ce moment là… 'Je ne veux pas faire ça à travers un rêve' ou 'Je ne peux pas venir te voir, le corps de Khalal m’épuise, je suis fatiguée' ou encore 'Je ne peux pas venir, j’ai d’autres choses à régler ; Khalal est une personne très occupée'."
Elle marqua une brève pause pour la première fois, mais ne laissa à personne le temps d'en placer une.
"Mais tout à changer samedi soir. Elloth m’a demandée d’aller la voir dans un coin désert du musée de Forgefer. En réalité, ce n’était pas elle. C’était Lizaveth. Elle m’a encore demandée son aide et j’ai refusé. De notre temps, la liberté était un élément fondamental ; pourquoi devrais-je l’aider à prendre le corps d’une autre personne contre son accord ? Que deviendrait Llyah ? Tout comme moi, Lizaveth a perdu son corps il y a presque 150 000 ans. Je lui aurais donné 'le mien' sans hésiter, je le lui avais même proposé. Ou sinon, on aurait trouvé une personne qui ne méritait pas son corps.
Mais non, elle ne voulait pas. Et puis sans trop comprendre ce qu’il se passait… j’ai commencé à douter. Je ne sais pas vraiment ce qu’il m’est passé par la tête… je lui faisais confiance avant, pourquoi pas aujourd’hui encore ? Elle n’avait pas changé à ce point, c’était impossible. Je me suis souvenue de tout ce qu’elle avait fait pour moi, de toutes les fois où elle avait été présente. Et puis je l’ai suivie. Elle méritait un corps qu’elle aime après toutes ces douleurs et ces sacrifices. Et je pouvais transférer Llyah dans un autre corps grâce au sablier, elle comprendrait."
"Nous sommes parties pour le Marais des Chagrins, sur le navire qui servait de repaire à Llyah et Aschmédaï. C’est un peu confus dans ma tête. Je me rappelle vaguement qu’Aschémdaï a appelé au secours via les lucioles, qu'il a fini par terre et que j’ai dû le frapper plus d’une fois pour qu’il perde connaissance. Llyah ne voulait pas se montrer aussi. Et pendant que nous fouillions le navire, Lindorel est arrivée, et je l’ai dissuadée d’agir, lui assurant que tout allait bien, qu’elle n’avait pas à s’inquiéter.
Mais quand elle a compris qu’Elloth était Lizaveth et que je l’aidais, elle a voulu attaquer. Elle s’est mise devant Aschmédaï le temps qu’il revienne à ses esprits et moi je me suis mise devant Elloth-Lizaveth. Je ne voulais pas m’en prendre à Lindorel, je l’aime beaucoup, mais je ne voulais pas que celle qui avait été là pour moi ne soit blessée ; il lui fallait le corps de Llyah de toute façon. En parlant de la Rouquine, elle est apparue à ce moment là mais Elloth-Lizaveth a esquivé. Elle s’est servie de la Carte du Mat pour forcer Llyah à attaquer Lindorel (Empereur), immobiliser celle-ci (Pendu) et donner une crise de fou rire à Aschmédaï (Bateleur). C’est juste avant que Lindorel a dû utiliser la carte du Jugement pour me libérer de la ou des cartes dont Lizaveth s’est servie sur moi.
Quand j’ai vu ce spectacle, et le rire dément d’Elloth-Lizveth, je me suis jetée sur elle pour lui prendre la Carte. Je comptais prendre Lizaveth en moi et me poignarder ensuite pour qu’elle ne nuise plus. Mais avant que je n’agisse j’ai senti quelqu’un qui riait me soulever et me jeter à la mer. Sûrement pour que je me noie. Cette idée venant d’une autre personne que moi, je n’apprécie pas particulièrement. M’assommer aurait suffit. Mais dans le feu de l’action, peut être n’a-t-il pas eu le choix."
Elle préféra éviter une petit pause à ce moment. Elle voulait terminer son récit. Elle le devait !
"La suite, on me l’a rapportée puisque Lizaveth avait le contrôle de mon corps. Moi-Lizaveth a nagé jusqu’à la berge. Elle a essayé d’invoquer un Infernal pour briser le ponton, et empêcher ses poursuivants de la suivre. Ca a échoué. Lindorel l’a gelée alors qu’elle était presque sortie de l’eau. Elloth, qui avait repris ses esprits, a retiré la Carte du Mat de ma main et je me suis effondrée."
"Après avoir repris conscience, Elloth est allée mettre le Mat en sécurité à la Résidence. Llyah et Aschmédaï affirmaient que j’étais une traitresse. Ce que je comprends à cause de mon comportement. Cependant, Lindorel pourra confirmer que j’étais sous l’influence d’une ou plusieurs cartes."
"Pour terminer, Lindorel m’a ramenée à la Résidence et après une courte discussion avec Elloth, je lui ai demandée qu’on m’enferme dans ma chambre le temps que l’on juge mes actes."
Elle laissa trainer un blanc, et alors que quelqu'un commençait à parler, elle coupa la parole et acheva...
"Merci de votre attention. Pour les questions, plus tard. J'ai besoin d'être seule."
Et puis elle mit la luciole en bocal, histoire d'être certaine que personne ne la dérange.
Ydelle- Mémoire incarnée, pluri-millénaire
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Date d'inscription : 29/01/2011
Localisation : Paris
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
Une Carte.
Un Fou.
Le Vent.
"Non...
Non !
NON !!!!!!"
Son cris n'avait que le vent pour écho. La revoilà de nouveau prisonnière. La revoilà de nouveau seule.
Au fond d'une obscurité profonde, Lizaveth hurlait. Si elle avait pu avoir des cheveux, elle les auraient arrachés par poignées. Si elle avait eu un visage, elle l'aurait griffé de rage jusqu'au sang. Mais elle n'avait rien de tout ça, son corps était mort il y a plus de cent mille ans. Seule son âme tourmentée et enfermée dans cette foutue carte, la carte du Mat, avait survécu. Avec tout son cortège de regrets, de désillusions et de souvenirs douloureux.
Cent mille ans de solitude.
Lizaveth hurlait dans le vent du néant.
Il n'y avait rien ici. Juste l'immense abîme de la folie qui s'ouvrait de nouveau sous elle. Une gueule béante dans laquelle elle allait plonger pour la dernière fois. Elle avait perdu. Elle le savait. Elle allait mourir pour de bon, sans jamais avoir eu accès à l'amour de celui qui avait hanté son éternité de rancune. Elle mourait sans avoir assouvit sa vengeance passionnelle. Il lui avait donné l'espoir et l'avait reprit. Le Masque avait vaincu.
Par plus de trois fois, elle était parvenue à sortir de la carte et à retrouver un corps pour le forcer à lui redonner cet espoir. Nelapsi... Therod... Evanescente... Elle avait même faillit attraper Lou. Et les rejetons de Maezel l'avaient à chaque fois débusquée. Elle s'était donné une dernière chance. Elle s'était servie de la gamine de la Saltimbance. Lasita.
La petite gnome ne s'était pas méfiée. Elle voulait faire plaisir à Dérélicte. "Une surprise" avait elle pensé. La siamoise se plaignait à l'époque de ne pas savoir ou se trouvait la carte du Mat. Lasita, elle, le savait très bien. La saltimbance avait mit le grappin dessus. Et parmi ses baladins, c'était la cartomancienne Traori qui l'avait empoché. La lui voler avait été facile. Mais Lasita ne s'était pas méfiée... A 10 ans on ne se méfie pas assez. La petite gnome avait prit la carte à pleines mains.
De nouveau libre ! Lizaveth avait sauté dans ce corps inespéré. Très vite, elle en avait cherché un autre, anodin : une vendeuse de tartes de Forgefer. Une passante... Et la voilà qui était maintenant loin de la guilde et des rejetons de Maezel.
Cette fois ci, elle avait prit son temps pour réfléchir. Ce qu'elle avait pu récolter dans les mémoires des corps qu'elle avait déjà occupé lui avait apprit une chose... Maezel semblait s'intéresser de près à celle qui avait hérité de la trame de son Complexus. Celle qui portait son visage... Llyah, la rouquine. Lou. Elle avait déjà tenté de récupérer ce corps qui l'appelait comme l'espoir d'une seconde vie. Une seconde chance. Elle n'avait alors eu qu'un seul objectif. S'en emparer. Prendre la place de celle sur laquelle le regard du Masque se posait. Remplacer la putain et lui arracher ce rôle qui était le sien ! Celui de la reine de l'échiquier.
Mais elle ne devait pas agir trop vite. La guilde se méfiait maintenant, l'esprit des membres était régulièrement visitépour vérifier qu'elle ne s'était pas de nouveau introduite dans l'un d'eux. Elle avait prit tous les soins pour approcher celui qui allait la mener au plus près de sa cible : Khalal. Le chef de l'éphémère. Nul n'oserait soupçonner que la Maison serait maintenant dirigée par Lizaveth. Elle pourrait ainsi tout apprendre de Lou et des éventuelles défenses qu'elle aurait pu mettre en place pour protéger son corps et son esprit. La gamine n'était pas idiote et avait comprit depuis longtemps qu'elle était une cible. Cachée dans le corps de Khalal, Lizaveth avait prit son temps pour étudier ses adversaires. La mémoire du druide était une mine d'informations. Et son lien avec Maezel... puissant. Il avait été difficile de se cacher de son regard. Les rêves de Khalal étaient un monde agité que Maezel ne cessait de visiter. Il ne l'avait pas reconnue. Elle jouait son rôle à la perfection.
Et puis...
Et puis il y eut cet imprévu idiot. Cette elfe qui lui tournait autour en se gargarisant de discours depuis un moment. Elloth. Maison de l'Eclat. Principe de base : "si, j'ai raison". Triviale. A ses yeux, une gamine. Une bien née pluri-millénaire. Elle avait pourtant joué comme Khalal aurait joué... Conflit, puis amitié. Elle avait finit par se prendre au jeu de ce petit pouvoir que son corps lui donnait sur les autres. Elle avait apprit que la guilde avait perdu une carte (cf. ==> [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]). Une de plus avec celle du Mat qu'elle possédait sur elle, à l'insu de tous. Elle l'avait récupérée : le grand prêtre. Il suffisait qu'il manque une carte... et elle tenait Maezel par les joyaux. Sans le jeu... il ne pourrait pas revenir. Elle s'était mise en tête de négocier le grand prêtre à la Maison de l'Eclat, de tâter le terrain, pour voir ce qu'elle pourrait tirer de ces imbéciles emplumés. La siamoise avait mal prit qu'elle se présente chez elle comme au bordel, pour se pavaner et faire du chantage. Elloth aussi. Quoi que...
Au final, Elloth était allé récupérer la carte en question et avait mit hors jeu le corps de Khalal. Elle avait fouillé... Et avait touché la carte du Mat. Avant de comprendre ce qui lui arrivait, Lizaveth avait bondit dans ce nouveau corps. A partir ce cet instant, son temps était compté. Dés que le druide se réveillerait, il aurait un GROS trou de mémoire et ne tarderait pas déduire très vite de la raison de ce trou : Lizaveth.
Elle avait emmené le druide inconscient en lieux sûr, loin de la guilde et sous la forme d'Elloth elle était passée à l'action. Parmi les rejetons de Maezel, elle avait rencontré une allié : Ydelle.
Ydelle n'était pas comme les autres. Comme Lizaveth, elle était une âme dans un corps d'emprunt. Comme Lizaveth, elle avait cent mille ans et faisait partit de la secte de L'Onyre qu'elle avait elle même fondée pour libérer Maezel et le monde. Les deux âmes s'étaient retrouvées avec joie. Mais l'hystérie de Lizaveth avait vite reprit le dessus. La passion dévorante distillée par la folie d'un millier d'années de solitude avait reprit ses droits et Ydelle n'avait été à ses yeux qu'un outil pour parvenir à ses fins.
Ydelle avait douté. Lizaveth n'avait pas apprécié. En utilisant la carte du Mat, elle avait forcé son ancienne compagne à l'accompagner pour s'emparer du corps de Lou. Plus le temps de penser. Il fallait agir. La guilde risquait de remarquer la disparition du druide d'un instant à l'autre.
Elle n'aurait jamais cru ce qui s'était passé ensuite... Ydelle avait fait un choix. Soudain libérée du pouvoir de la carte du mat, elle l'avait arraché de la main d'Elloth au moment du triomphe !
La suite...
Il n'y avait pas de suite.
Lizaveth avait échoué.
Une dernière fois. Elle était de retour dans la carte du Mat. Loin de tout corps d'emprunts...
Mon amour.
Mon amour, je te hais.
Et Lizaveth hurlait.
Ballottée par le vent.
Un Fou.
Le Vent.
"Non...
Non !
NON !!!!!!"
Son cris n'avait que le vent pour écho. La revoilà de nouveau prisonnière. La revoilà de nouveau seule.
Au fond d'une obscurité profonde, Lizaveth hurlait. Si elle avait pu avoir des cheveux, elle les auraient arrachés par poignées. Si elle avait eu un visage, elle l'aurait griffé de rage jusqu'au sang. Mais elle n'avait rien de tout ça, son corps était mort il y a plus de cent mille ans. Seule son âme tourmentée et enfermée dans cette foutue carte, la carte du Mat, avait survécu. Avec tout son cortège de regrets, de désillusions et de souvenirs douloureux.
Cent mille ans de solitude.
Lizaveth hurlait dans le vent du néant.
Il n'y avait rien ici. Juste l'immense abîme de la folie qui s'ouvrait de nouveau sous elle. Une gueule béante dans laquelle elle allait plonger pour la dernière fois. Elle avait perdu. Elle le savait. Elle allait mourir pour de bon, sans jamais avoir eu accès à l'amour de celui qui avait hanté son éternité de rancune. Elle mourait sans avoir assouvit sa vengeance passionnelle. Il lui avait donné l'espoir et l'avait reprit. Le Masque avait vaincu.
Par plus de trois fois, elle était parvenue à sortir de la carte et à retrouver un corps pour le forcer à lui redonner cet espoir. Nelapsi... Therod... Evanescente... Elle avait même faillit attraper Lou. Et les rejetons de Maezel l'avaient à chaque fois débusquée. Elle s'était donné une dernière chance. Elle s'était servie de la gamine de la Saltimbance. Lasita.
La petite gnome ne s'était pas méfiée. Elle voulait faire plaisir à Dérélicte. "Une surprise" avait elle pensé. La siamoise se plaignait à l'époque de ne pas savoir ou se trouvait la carte du Mat. Lasita, elle, le savait très bien. La saltimbance avait mit le grappin dessus. Et parmi ses baladins, c'était la cartomancienne Traori qui l'avait empoché. La lui voler avait été facile. Mais Lasita ne s'était pas méfiée... A 10 ans on ne se méfie pas assez. La petite gnome avait prit la carte à pleines mains.
De nouveau libre ! Lizaveth avait sauté dans ce corps inespéré. Très vite, elle en avait cherché un autre, anodin : une vendeuse de tartes de Forgefer. Une passante... Et la voilà qui était maintenant loin de la guilde et des rejetons de Maezel.
Cette fois ci, elle avait prit son temps pour réfléchir. Ce qu'elle avait pu récolter dans les mémoires des corps qu'elle avait déjà occupé lui avait apprit une chose... Maezel semblait s'intéresser de près à celle qui avait hérité de la trame de son Complexus. Celle qui portait son visage... Llyah, la rouquine. Lou. Elle avait déjà tenté de récupérer ce corps qui l'appelait comme l'espoir d'une seconde vie. Une seconde chance. Elle n'avait alors eu qu'un seul objectif. S'en emparer. Prendre la place de celle sur laquelle le regard du Masque se posait. Remplacer la putain et lui arracher ce rôle qui était le sien ! Celui de la reine de l'échiquier.
Mais elle ne devait pas agir trop vite. La guilde se méfiait maintenant, l'esprit des membres était régulièrement visitépour vérifier qu'elle ne s'était pas de nouveau introduite dans l'un d'eux. Elle avait prit tous les soins pour approcher celui qui allait la mener au plus près de sa cible : Khalal. Le chef de l'éphémère. Nul n'oserait soupçonner que la Maison serait maintenant dirigée par Lizaveth. Elle pourrait ainsi tout apprendre de Lou et des éventuelles défenses qu'elle aurait pu mettre en place pour protéger son corps et son esprit. La gamine n'était pas idiote et avait comprit depuis longtemps qu'elle était une cible. Cachée dans le corps de Khalal, Lizaveth avait prit son temps pour étudier ses adversaires. La mémoire du druide était une mine d'informations. Et son lien avec Maezel... puissant. Il avait été difficile de se cacher de son regard. Les rêves de Khalal étaient un monde agité que Maezel ne cessait de visiter. Il ne l'avait pas reconnue. Elle jouait son rôle à la perfection.
Et puis...
Et puis il y eut cet imprévu idiot. Cette elfe qui lui tournait autour en se gargarisant de discours depuis un moment. Elloth. Maison de l'Eclat. Principe de base : "si, j'ai raison". Triviale. A ses yeux, une gamine. Une bien née pluri-millénaire. Elle avait pourtant joué comme Khalal aurait joué... Conflit, puis amitié. Elle avait finit par se prendre au jeu de ce petit pouvoir que son corps lui donnait sur les autres. Elle avait apprit que la guilde avait perdu une carte (cf. ==> [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]). Une de plus avec celle du Mat qu'elle possédait sur elle, à l'insu de tous. Elle l'avait récupérée : le grand prêtre. Il suffisait qu'il manque une carte... et elle tenait Maezel par les joyaux. Sans le jeu... il ne pourrait pas revenir. Elle s'était mise en tête de négocier le grand prêtre à la Maison de l'Eclat, de tâter le terrain, pour voir ce qu'elle pourrait tirer de ces imbéciles emplumés. La siamoise avait mal prit qu'elle se présente chez elle comme au bordel, pour se pavaner et faire du chantage. Elloth aussi. Quoi que...
Au final, Elloth était allé récupérer la carte en question et avait mit hors jeu le corps de Khalal. Elle avait fouillé... Et avait touché la carte du Mat. Avant de comprendre ce qui lui arrivait, Lizaveth avait bondit dans ce nouveau corps. A partir ce cet instant, son temps était compté. Dés que le druide se réveillerait, il aurait un GROS trou de mémoire et ne tarderait pas déduire très vite de la raison de ce trou : Lizaveth.
Elle avait emmené le druide inconscient en lieux sûr, loin de la guilde et sous la forme d'Elloth elle était passée à l'action. Parmi les rejetons de Maezel, elle avait rencontré une allié : Ydelle.
Ydelle n'était pas comme les autres. Comme Lizaveth, elle était une âme dans un corps d'emprunt. Comme Lizaveth, elle avait cent mille ans et faisait partit de la secte de L'Onyre qu'elle avait elle même fondée pour libérer Maezel et le monde. Les deux âmes s'étaient retrouvées avec joie. Mais l'hystérie de Lizaveth avait vite reprit le dessus. La passion dévorante distillée par la folie d'un millier d'années de solitude avait reprit ses droits et Ydelle n'avait été à ses yeux qu'un outil pour parvenir à ses fins.
Ydelle avait douté. Lizaveth n'avait pas apprécié. En utilisant la carte du Mat, elle avait forcé son ancienne compagne à l'accompagner pour s'emparer du corps de Lou. Plus le temps de penser. Il fallait agir. La guilde risquait de remarquer la disparition du druide d'un instant à l'autre.
Elle n'aurait jamais cru ce qui s'était passé ensuite... Ydelle avait fait un choix. Soudain libérée du pouvoir de la carte du mat, elle l'avait arraché de la main d'Elloth au moment du triomphe !
La suite...
Il n'y avait pas de suite.
Lizaveth avait échoué.
Une dernière fois. Elle était de retour dans la carte du Mat. Loin de tout corps d'emprunts...
Mon amour.
Mon amour, je te hais.
Et Lizaveth hurlait.
Ballottée par le vent.
Lizaveth- Messages : 11
Date d'inscription : 01/09/2010
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
*Quelques jours plus tard, Dérélicte avait transmit avec mille précautions le Mat à Aschmédaï. Elle lui avait demandé de débarasser la carte de l'âme de Lizaveth...*
Inlassablement, Aschmédaï étudiait. Maintenant plongé dans le silence apaisant d'un bosquet à proximité de Darnassus, un lieu ô combien insolite pour quelqu'un comme lui, il lisait, relisait et apprenait par cœur le vieux grimoire issu d'une bibliothèque de l'Exodar jusqu'au point d'être capable d'en réciter des passages entiers les yeux fermés, comme une véritable litanie religieuse.
Il devait maîtriser chaque aspect du rituel à venir, car il n'aurait droit qu'à un seul essai, et il pouvait se passer tellement de choses !
A Dérélicte et aux filles de l'Eclat, il avait laissé entendre qu'il se refusait à libérer Lizaveth de sa prison pour l'enfermer dans une autre, ou même pour la tuer. Il avait imploré leur pitié.
A ses frères de l'Ephémère, il avait dit que le savoir détenu par l'ancienne prêtresse Vrykul était bien trop précieux pour être jeté aux orties. Il avait fait appel à leur pragmatisme.
Et pourtant... La véritable raison qui le poussait à cet excès brutal d'altruisme était tout autre.
Si Lizaveth revenait du néant, si la trame du destin de l'antique amante de Maezel était restaurée, alors peut-être que celui-ci accepterait enfin de considérer qu'elle et Llyah étaient deux personnes bien distinctes. Peut-être qu'à ce prix seulement, ils trouveraient enfin la paix à laquelle ils aspiraient... Au moins pour un temps. Dans le cas contraire... Il était fort probable qu'un jour proche vienne où il aie à combattre un demi-dieu pour défendre ce qu'il estimait sien. Était-il prêt à relever ce genre de défi ? Peut-être était-ce un peu présomptueux... Pour le moment.
Voilà pourquoi il trompait ses alliés et ses amis les plus proches, et leur disait ce qu'ils avaient envie d'entendre. De nouveau, il était amené à être seul contre tous... Il n'avait aucun soutien à espérer, et surtout pas de Llyah qui anéantirait Lizaveth elle-même si elle en avait l'occasion.
En définitive, peu lui importait d'être le salaud de l'histoire. Peu lui importait de tromper tout le monde avec de belles paroles. Certaines choses changent... Certaines personnes deviennent meilleures... Mais lui avait toujours été ce genre d'homme qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. Maezel lui même en avait surement conscience. Ne l'avait-il pas reconnu lui aussi comme l'un de ses enfants ? S'il leur avait vraiment offert le Libre Arbitre, c'était pour qu'ils s'en servent, que diable !
Un sourire amer déforma les lèvres du démoniste. De là à dire que le Bien et le Mal n'étaient que des concepts éculés et qu'en définitive seule l'efficacité importait, il n'y avait qu'un pas.
Aschmédaï- Ensorceleur
- Messages : 255
Date d'inscription : 19/12/2010
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
L'âme... Une notion complexe, qui, à toutes époques et en tous lieux, a toujours suscité les débats les plus enflammés auprès des érudits et penseurs de tout poil.
Qu'est-ce qu'une âme, au juste ? Les plus fervents adeptes de la Lumière vous affirmeront que c'est la force vitale primordiale, celle qui anime les êtres vivants et qu'en tant que tel, il s'agit de la chose la plus sacrée qui soit. Que les mortels ne devraient pas chercher à atteindre ce qui échappe à leur compréhension sous peine de l'altérer par ignorance, ou pire, de le corrompre par imprudence... Preuve s'il en est d'un remarquable manque d'ouverture d'esprit, et que la religion a définitivement été inventée pour les gens trop idiots pour s'intéresser à l'étude de la magie.
D'autres vous diront que l'âme n'est pas l'apanage des seuls êtres "supérieurs". Des individus possédant des échelles de valeur plus souples, tels que les chamans issus de peuplades primitives, vous affirmeront que le moindre rocher, la moindre flamme, la moindre goutte d'eau, a une âme qui lui est propre. Que tout est lié par la toile complexe et insondable d'un gigantesque réseau synaptique que d'aucuns se plaisent à nommer "magie", et que ceux qui comprennent la véritable nature des choses voient simplement comme une relation d'interdépendance envers chaque particule de la Création. Des propos déjà plus réfléchis, auxquels la détestable propension de leurs auteurs à abuser de la feuillerêve m'empêche malheureusement d'accorder plein crédit.
Entre ces deux extrêmes, d'autres, dont votre serviteur, se montreront plus pragmatiques, plus terre à terre. Plus à l'écoute du "comment ?" que du "pourquoi ?". Plutôt que de chercher à vous noyer de mots compliqués, ils vous affirmeront simplement que l'âme est semblable au contenu d'un verre de bière, et que le corps ou l'enveloppe physique de son propriétaire n'est qu'un vulgaire conteneur remplaçable à loisir. Deux corps, deux âmes distinctes, un échange ? Pour qui sait s'y prendre, cela n'a rien de plus sorcier que de transférer le contenu d'un verre dans un autre, et vice versa. Une âme, pas de corps ? Vous prenez le risque de voir la bière absorbée par son environnement et y disparaître. Deux corps, une seule âme ? Un des verres restera vide, ou bien les deux verres ne seront qu'à moitié remplis et donc incomplets. Un seul corps, deux âmes ? Il faudra alors soit vider le verre de destination, soit se résigner à obtenir un mélange de bières différentes, avec toutes les conséquences que cela impliquera, entre autres que le résultat pourrait être franchement... Déconcertant. Une elfe qui lape du lait comme un chat serait encore l'exemple le moins tragique de ce genre d'expérimentation hasardeuse.
Oui, il existe beaucoup d'images plus ou moins judicieuses, beaucoup d'explications plus ou moins réfléchies et beaucoup de débats plus ou moins intéressants autour de l'âme, alors qu'au final, comme pour beaucoup de choses, ce ne sont jamais que des jugements de valeur. Car quelle importance de déterminer si une âme est bonne ou mauvaise ? Certaines seront porteuses d'une trame lourde de conséquences au sein de l'engrenage abscons qu'est le Complexus. D'autres n'auront qu'une incidence mineure, voire pas du tout. Et cela n'a absolument rien à voir avec le bien et le mal : en somme, on pourrait dire que si toute l'existence pouvait se ramener à un vaste scénario dramaturgique, il y aurait juste des âmes dont la trame fonctionnera mieux que d'autres.
Parmi les Draeneïs de l'Exodar, certains penseurs ont su se détacher de tout ce manichéisme de bas étage et des discours moralisateurs martelés par le culte de la Lumière. Au terme de longues études, ils conçurent un artefact complexe, le Transconducteur Animique à Alimentation Arcanique Auxiliaire, auquel la plupart des gens assez normalement constitués pour éprouver le besoin de respirer se réfèrent sous le nom Draénique originel de "Po'Ko'Rah". Cet objet avait pour but premier d'explorer et de manipuler à loisir toutes les facettes de l'âme en faisant fi des lois qui régissent la nature même de celle-ci. Ainsi, s'il est en théorie impossible de distinguer deux bières différentes une fois qu'elles sont mélangées dans le même verre, le Po'Ko'Rah confère à son utilisateur le pouvoir de réaliser un tel prodige, et bien plus encore...
Mais comme toutes les idées, l'existence même du Po'Ko'Rah engendra très vite son lot d'opinions divergentes au sein des rangs même de ses créateurs, aussi ouverts d'esprit furent-ils. Et si cet objet tombait entre les mains d'une personne nantie de mauvaises intentions ? Et si quelqu'un l'utilisait non pas à des buts d'étude et de compréhension de l'âme, mais pour assouvir des fins personnelles ? Une telle perspective reste encore, aujourd'hui, à envisager, car je ne saurais moi même affirmer si ce que je m'apprête à faire est moralement...
Attablé à la lueur d'une unique bougie posée sur la table qu'il occupait régulièrement à l'Agneau Assassiné depuis quelques temps, Aschmédaï ôta sa plume des pages noircies de sa calligraphie acérée et harmonieuse pour reposer ses yeux fatigués. Il s'autorisa un froncement de sourcil lorsqu'une petite goutte d'encre s'écrasa à la fin de son ultime paragraphe.
"Quelle importance, soupira-t-il en refermant le journal. Je doute que quiconque s'intéresse un jour à ma prose."
Le gros grimoire cerclé de fer portait en lettres d'or l'inscription "Aschmédaï Estevent - Mémoires d'un Sorcier durant la dernière guerre de l'Onyre".
Il observa longuement l'ouvrage, puis l'ouvrit sur la toute première page. Seuls deux mots y figuraient, perdus dans l'immensité presque effrayante d'une grande page blanche.
Pour Llyah.
Un sourire amer finit par plisser ses lèvres.
"Oui... J'aurais vraiment voulu que tout soit plus simple. Mais voilà : ça ne l'est pas."
Il ferma le livre, le glissa dans sa besace, et s'en fut non sans jeter une pièce au tavernier à moitié assoupi sur son comptoir, pour un verre de bière sur lequel il n'avait, au final, pas posé les lèvres de la soirée.
Qu'est-ce qu'une âme, au juste ? Les plus fervents adeptes de la Lumière vous affirmeront que c'est la force vitale primordiale, celle qui anime les êtres vivants et qu'en tant que tel, il s'agit de la chose la plus sacrée qui soit. Que les mortels ne devraient pas chercher à atteindre ce qui échappe à leur compréhension sous peine de l'altérer par ignorance, ou pire, de le corrompre par imprudence... Preuve s'il en est d'un remarquable manque d'ouverture d'esprit, et que la religion a définitivement été inventée pour les gens trop idiots pour s'intéresser à l'étude de la magie.
D'autres vous diront que l'âme n'est pas l'apanage des seuls êtres "supérieurs". Des individus possédant des échelles de valeur plus souples, tels que les chamans issus de peuplades primitives, vous affirmeront que le moindre rocher, la moindre flamme, la moindre goutte d'eau, a une âme qui lui est propre. Que tout est lié par la toile complexe et insondable d'un gigantesque réseau synaptique que d'aucuns se plaisent à nommer "magie", et que ceux qui comprennent la véritable nature des choses voient simplement comme une relation d'interdépendance envers chaque particule de la Création. Des propos déjà plus réfléchis, auxquels la détestable propension de leurs auteurs à abuser de la feuillerêve m'empêche malheureusement d'accorder plein crédit.
Entre ces deux extrêmes, d'autres, dont votre serviteur, se montreront plus pragmatiques, plus terre à terre. Plus à l'écoute du "comment ?" que du "pourquoi ?". Plutôt que de chercher à vous noyer de mots compliqués, ils vous affirmeront simplement que l'âme est semblable au contenu d'un verre de bière, et que le corps ou l'enveloppe physique de son propriétaire n'est qu'un vulgaire conteneur remplaçable à loisir. Deux corps, deux âmes distinctes, un échange ? Pour qui sait s'y prendre, cela n'a rien de plus sorcier que de transférer le contenu d'un verre dans un autre, et vice versa. Une âme, pas de corps ? Vous prenez le risque de voir la bière absorbée par son environnement et y disparaître. Deux corps, une seule âme ? Un des verres restera vide, ou bien les deux verres ne seront qu'à moitié remplis et donc incomplets. Un seul corps, deux âmes ? Il faudra alors soit vider le verre de destination, soit se résigner à obtenir un mélange de bières différentes, avec toutes les conséquences que cela impliquera, entre autres que le résultat pourrait être franchement... Déconcertant. Une elfe qui lape du lait comme un chat serait encore l'exemple le moins tragique de ce genre d'expérimentation hasardeuse.
Oui, il existe beaucoup d'images plus ou moins judicieuses, beaucoup d'explications plus ou moins réfléchies et beaucoup de débats plus ou moins intéressants autour de l'âme, alors qu'au final, comme pour beaucoup de choses, ce ne sont jamais que des jugements de valeur. Car quelle importance de déterminer si une âme est bonne ou mauvaise ? Certaines seront porteuses d'une trame lourde de conséquences au sein de l'engrenage abscons qu'est le Complexus. D'autres n'auront qu'une incidence mineure, voire pas du tout. Et cela n'a absolument rien à voir avec le bien et le mal : en somme, on pourrait dire que si toute l'existence pouvait se ramener à un vaste scénario dramaturgique, il y aurait juste des âmes dont la trame fonctionnera mieux que d'autres.
Parmi les Draeneïs de l'Exodar, certains penseurs ont su se détacher de tout ce manichéisme de bas étage et des discours moralisateurs martelés par le culte de la Lumière. Au terme de longues études, ils conçurent un artefact complexe, le Transconducteur Animique à Alimentation Arcanique Auxiliaire, auquel la plupart des gens assez normalement constitués pour éprouver le besoin de respirer se réfèrent sous le nom Draénique originel de "Po'Ko'Rah". Cet objet avait pour but premier d'explorer et de manipuler à loisir toutes les facettes de l'âme en faisant fi des lois qui régissent la nature même de celle-ci. Ainsi, s'il est en théorie impossible de distinguer deux bières différentes une fois qu'elles sont mélangées dans le même verre, le Po'Ko'Rah confère à son utilisateur le pouvoir de réaliser un tel prodige, et bien plus encore...
Mais comme toutes les idées, l'existence même du Po'Ko'Rah engendra très vite son lot d'opinions divergentes au sein des rangs même de ses créateurs, aussi ouverts d'esprit furent-ils. Et si cet objet tombait entre les mains d'une personne nantie de mauvaises intentions ? Et si quelqu'un l'utilisait non pas à des buts d'étude et de compréhension de l'âme, mais pour assouvir des fins personnelles ? Une telle perspective reste encore, aujourd'hui, à envisager, car je ne saurais moi même affirmer si ce que je m'apprête à faire est moralement...
Attablé à la lueur d'une unique bougie posée sur la table qu'il occupait régulièrement à l'Agneau Assassiné depuis quelques temps, Aschmédaï ôta sa plume des pages noircies de sa calligraphie acérée et harmonieuse pour reposer ses yeux fatigués. Il s'autorisa un froncement de sourcil lorsqu'une petite goutte d'encre s'écrasa à la fin de son ultime paragraphe.
"Quelle importance, soupira-t-il en refermant le journal. Je doute que quiconque s'intéresse un jour à ma prose."
Le gros grimoire cerclé de fer portait en lettres d'or l'inscription "Aschmédaï Estevent - Mémoires d'un Sorcier durant la dernière guerre de l'Onyre".
Il observa longuement l'ouvrage, puis l'ouvrit sur la toute première page. Seuls deux mots y figuraient, perdus dans l'immensité presque effrayante d'une grande page blanche.
Pour Llyah.
Un sourire amer finit par plisser ses lèvres.
"Oui... J'aurais vraiment voulu que tout soit plus simple. Mais voilà : ça ne l'est pas."
Il ferma le livre, le glissa dans sa besace, et s'en fut non sans jeter une pièce au tavernier à moitié assoupi sur son comptoir, pour un verre de bière sur lequel il n'avait, au final, pas posé les lèvres de la soirée.
Aschmédaï- Ensorceleur
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Date d'inscription : 19/12/2010
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
(HRP : RESUME D'EVENT)
Tout avait commencé par une discussion animée sur l’Art, ce soir là.
Aschmédaï et Elloth s’étaient lancés dans un débat enflammé sur les lucioles, auquel Llyah n’avait pas manqué de participer. Il y avait fort à parier que lorsque Khalal avait choisi ce moyen de communication pour réunir ses ouailles, il n’avait certainement pas pensé que les petits insectes serviraient à échanger des opinions bien arrêtées et des noms d’oiseaux plutôt que des informations constructives.
Mais en réalité, tous ces échanges triviaux ne constituaient qu’un écran de fumée destiné à dissimuler les véritables intentions du démoniste. Elloth avait perçu à plusieurs reprises un bourdonnement bizarre provenant des lucioles, dont la source semblait être celle d’Aschmédaï ; la Bien Née, de par son affinité naturelle avec l’Arcane, avait compris inconsciemment à travers ce symptôme mineur que quelque chose de grave se tramait et qu’une magie aussi antique que puissante était sur le point d’être relâchée.
Car durant tout ce temps, Aschmédaï était en train de préparer à l’insu de tous le rituel qui libérerait la carte du Mat de son habitante illégitime, Lizaveth. A l’aide d’un artefact Draeneï, le Po’Ko’Rah, et assisté par une jeune apprentie magicienne nommée Matthilda Sarah Van Harten, dont la particularité la plus singulière était d’être prisonnière d’une trame défectueuse du Complexus, le fieffe rouquin avait décidé de prendre les choses en main et d’accomplir la tâche qu’on lui avait confié sans en parler à ses pairs... Et ce car il savait que la plupart d’entre eux chercherait à lui mettre des bâtons dans les roues s’ils nourrissaient le moindre doute quant à ce qui se tramait.
Cependant, les choses se passent rarement comme on les a prévues, et encore plus lorsqu’on manipule des forces dépassant l’imagination mortelle, en dépit du bon sens le plus élémentaire, et avec beaucoup d’ennemis discrets dans l’équation. Le bourdonnement étrange qu’Elloth avait perçu jusqu’alors se mua subitement en déflagration assourdissante, et durant un bref instant, tous les enfants de Maezel eurent l’impression pour le moins désagréable que leurs cerveaux allaient leur couler par les oreilles. Le monde explosa pour eux sur une douleur lancinante, et ils sombrèrent dans l’inconscience...
Llyah fut la première à reprendre ses esprits. Elle s’empressa d'appeler son mari à travers les lucioles... Ce fut un Aschmédaï complètement sonné qui lui répondit d’une voix hésitante, avant d'appeler Elloth à l’aide. Pour une raison qui restait encore à déterminer, le rituel avait échoué, et le mot était faible : non seulement Lizaveth était toujours prisonnière de la carte, mais en plus le Po’Ko’Rah avait mystérieusement disparu pendant les quelques minutes où son utilisateur avait perdu connaissance, et les énergies libérées avaient provoqué une distorsion arcanique d’une ampleur inimaginable au sein même de la réalité, menaçant d’engloutir tous ceux dont la trame était liée de près ou de loin à celle de Maezel.
Elloth se rendit donc prestement sur place, et y découvrit avec stupeur l’énorme anomalie dimensionnelle qui risquait de signer leur fin à tous. Khalal ne tarda pas à la rejoindre, ainsi que Llyah qui prit la précaution de ne pas se montrer, puis Aquarelle. Aschmédaï ne manqua pas de réprimander la Bien-Née d’avoir ramené tout ce petit monde, ce à quoi elle et Khalal répondirent de bon coeur qu’ils le tueraient certainement eux-même si le maintien précaire de la réalité ne dépendait maintenant pas entièrement de lui. Le démoniste, fort affairé à canaliser les forces arcaniques en présence pour empêcher la faille dimensionnelle de s’étendre, leur expliqua rapidement que leur seul espoir était de mettre la main sur le Po’Ko’Rah pour terminer proprement ce qui avait été commencé, et accessoirement que Matthilda, la rouquine désoeuvrée et à moitié sonnée qui se trouvait là, était censée être le nouveau réceptacle de Lizaveth.
Remis de leur surprise et après avoir pris soin de longuement lui répéter à quel point il était stupide et inconscient de s’être lancé seul dans ce rituel, le petit groupe, accompagné de Matthilda et de son ingénieux écureuil mécanique Noisette, se dispersa à la recherche d’une piste. Elloth se lança dans un sondage magique fastidieux des environs, tandis que Llyah découvrait d’étranges traces de sabots qui partaient du lieu du rituel avant de se perdre dans la forêt, au nord. Elle porta l’élément à l’attention de Khalal, qui tenta de les pister sous sa forme de greffier, mais ne tarda pas à en perdre la trace à proximité d’un lac, où régnait une forte odeur de souffre.
Tous en conclurent que le Po’Ko’Rah n’avait pas disparu, mais avait bien été dérobé par une créature dotée d’intentions malines. Matthilda tenta d’introduire les paramètres du problème dans Noisette, mais la bestiole mécanique se montra fort peu réceptive à cette introduction forcée. Ce fut Elloth qui parvint, au terme d’un nouveau rituel de perception, à déterminer que toute l’île de Brume-Sang était sous le joug d’un brouillage magique de grande envergure. Bien qu’Aschmédaï, resté en contact avec eux par le biais des lucioles, lui glissa que cela était peut-être simplement un effet secondaire du rituel, tout comme les lucioles qui sifflaient, la terre qui grondait, et la réalité qui semblait sur le point d’imploser d’un instant à l’autre, le groupe décida qu’il s’agissait là de la seule piste tangible dont ils disposaient et s’élança droit vers le nord, laissant Llyah en arrière afin de surveiller son mari à l’insu même de celui-ci.
Ils se séparèrent de nouveau à hauteur de Guet-du-Sang, Elloth partant battre la campagne à la recherche d’un phénomène magique pouvant la mettre sur la piste de l’artefact perdu, les autres cherchant une piste plus conventionnelle. Ils finirent par se mettre d’accord quant à la nécessité d’interroger quelques locaux, ce qui les mena jusqu’à Guet du Sang où ils furent accueillis par une volée de regards clairement hostiles. Là, ils interrogèrent le mage du campement, qui leur répondit de façon détournée que des instances supérieures avaient jugé bon que les Draeneïs ne prennent pas part à ces évènements, qu’ils avaient touché à des puissances qu’il aurait mieux valu laisser reposer en paix, et qu’il étaient seuls responsables du malheur qui risquait maintenant d’engloutir les “enfants du Chaos”.
Et pendant ce temps, Aschmédaï s’épuisait à maintenir la trame de la réalité qui menaçait de s’effondrer à tout instant, perdant peu à peu ses forces...
Elloth découvrit une Draeneï manipulant de grandes quantités d’énergie arcanique, peut-être était-ce qui instaurait un si grand trouble dans la région. Mais elle fut repérée avant de pouvoir faire quoi que ce soit et préféra battre en retraite plutôt que d’affronter seule l’ire de la renégate et de ses ouailles Sin’doreï. Khalal, Aquarelle et Matthilda obtinrent quant à eux une piste de la part du mage Draeneï de Guet du Sang, qui consentit finalement à leur révéler à demi-mot que ce qu’ils cherchaient était certainement entre les mains d’un satyre.
Le temps de se regrouper, et pour Khalal d’estourbir un représentant de cette espèce de démons lubriques et retors, et ils apprirent que l’orbe scintillant qu’ils recherchaient était entre les mains de leur chef, Zevrax, et qu’ils seraient certainement abattus à vue en tentant de s’introduire dans le campement de celui-ci. Pressés par le temps et pour certains ravis de la perspective d’enfin en découdre avec un ennemi bien tangible, ils firent fi de l’avertissement et s’y rendirent, mais les satyres, comme avertis par une étrange prescience, les attendaient de pied ferme.
La bataille commença à l’entrée du campement lorsqu’un d’entre eux fondit sur le petit groupe en poussant des hurlements menaçants. Khalal s’empressa de l’immobiliser dans une prison de racines, ce qui suscita l’attention d’un invocateur adjacent. La créature prit le druide pour cible et se mit à incanter un trait d’ombre, mais Elloth le fit exploser d’un barrage arcanique avant même qu’il n’aie le temps de dire “argh”. Le premier satyre s’extirpa des branches qui l’entravaient et se jeta sur eux, terrorisant Aquarelle qui resta sur place en se demandant dans quoi elle s’était embarquée. Matthilda, restée en retrait jusque là, tenta son va-tout et embrasa le démon menaçant d’un sort de feu qui n’avait rien de très académique. Cependant, il se révéla plus efficace que prévu, puisque le satyre, transformé en torche vivante, s’enfuit en beuglant et en attirant l’attention de tous ses congénères vers l’entrée du camp...
Le groupe en profita pour avancer, et se retrouva nez à nez avec Zevrax, qui brandit l’artefact tant convoité sous leurs yeux, avant d’éclater d’un rire dément et de les menacer de détruire le Po’Ko’Rah s’ils tentaient quoi que ce soit. Doté du même étrange don de prescience que ses congénères, Zevrax se révéla capable de percevoir la présence de Khalal, pourtant sous sa forme de félin fureteur, avec une impressionnante acuité. Mais là encore la fortune sourit au petit groupe, car le démon, en bon satyre qu’il était, se montra également très intéressé par les appas des trois jolies “femelles” qui lui faisaient face. Si bien que pendant que celles-ci lui faisaient plus ou moins de l’oeil, Khalal suivit son plan initial, se faufila derrière la créature lubrique, et l’empala... Avec des racines, évidemment.
Ainsi récupérèrent-ils le Po’Ko’Rah. Et le temps pressait, car Aschmédaï était à bout de force, et le néant n’avait jamais été si proche de tous les engloutir. Ils retournèrent vers lui à bride abattue, et Khalal s’empressa de lui remettre l’artefact. Mais contre toute attente, le roux ne parut pas pressé de terminer le rituel, alors même qu’il tenait à peine debout ; il voulait voir Llyah. Et Llyah refusait de se montrer. Tous le pressèrent et tentèrent de le convaincre de mener à bien sa tâche, en vain. Khalal, une fois n’était pas coutume, s’essaya à la diplomatie, tandis qu’Elloth se répandait en noms d’oiseau et même en menaces, mais rien n’y fit. Ce fut tandis que le démoniste répondait à la Bien-Née qu’elle n’avait pas le pouvoir de le forcer à obéir que Llyah dit la même chose à son mari, et celui-ci, la mort dans l’âme pour une raison qui échappait à la compréhension de tous, accepta finalement de terminer le rituel.
Cela ne prit qu’un instant. Matthilda obéit sans protester, reprenant sa place initiale. Le Mat dans une main, le Po’Ko’Rah dans l’autre, Aschmédaï réunit tout ce qui lui restait d’énergie et de volonté et mit fin à une errance de près de cent mille ans, libérant l’antique carte du joug de l’âme de la prêtresse déchue, scellant celle-ci dans le corps de la jeune humaine qui était certainement bien loin de s’attendre à une telle chose, lorsqu’elle avait accepté de suivre ce type louche qui lui promettait plus de magie qu’elle n’avait jamais osé en rêver.
Une nouvelle déflagration arcanique expédia tout ce petit monde dans les vapes lorsque le Po’Ko’Rah, en proie à une quantité d’énergie telle que la structure de la réalité même vacilla, altérait à jamais les rouages du destin et du complexus. La carte du Mat s’échappa de la main inconsciente d’Aschmédaï et tomba au sol. Un silence de mort s’abattit, troublé par la seule voix de Shimmy, qui avait ressenti les décharges successives de magie à travers sa luciole, et qui demandait avec toute sa poésie et sa grâce habituelle “si on pouvait pas arrêter tout ce bordel” avant de ficher le petit insecte en bocal pour avoir la paix.
Tous émergèrent lentement, et reprirent leurs esprits. Ce fut pour découvrir que Llyah se tenait près de Matthilda, toujours inconsciente. La voleuse observait la nouvelle incarnation de Lizaveth d’un air froid et dépourvu d’émotions. Elle demanda d’un ton très contenu si cette femme était bien la compagne de Maezel, celle qui partageait sa trame... Et obtint une réponse affirmative de la plupart de ceux qui étaient présents et conscients.
Alors Llyah tira sa dague, et trancha la gorge de Matthilda-Lizaveth sans autre forme de procès, sous le regard interdit d’Aschmédaï et celui, plus consensuel de Khalal. Le démoniste se précipita sur elle en hurlant, tandis qu’Aquarelle tentait d’arrêter le flot de sang qui jaillissait de la gorge de l’humaine... En vain. Le mal était fait. Lizaveth ne serait jamais sortie de son long, très long sommeil. La trame de Llyah resterait intimement liée à Maezel, qui verrait toujours en elle l’incarnation de son ancienne promise. Et Aschmédaï, désormais privé du pouvoir absolu sur le destin que lui avait brièvement conféré le Po’Ko’Rah, ne pourrait plus jamais y remédier. Il tomba à genoux, abattu, et ne se relèverait que bien plus tard ce soir là, car à ses yeux, la femme qu’il aimait venait de creuser sa propre tombe.
Pas si loin de ça, le Naaru O’Ros émit un doux tintement cristallin tandis que son esprit omniprésent observait la scène non sans un certain soulagement.
“Ô Titans,
Créateurs de ce Monde et garants de la Loi,
Le plan de l’Enfant du Chaos aux cheveux de Feu est déjoué.
Le Complexus ne sera pas défait.
Tel que cela fut écrit dans les Astres au commencement de toute chose,
Tôt ou tard, la compagne du Traître devra faire face à son destin.
Et plus rien ne saura l’en soustraire.”
Des rires légers et aussi anciens que le Monde lui répondirent alors que les antiques créateurs d’Azeroth, du fin fond de leur plan astral, se réjouissaient d’avoir remporté cette bataille. Llyah avait finalement achevé de récupérer la trame de Lizaveth, les deux s’étaient fondues pour ne plus en faire qu’une. Le destin de l’humaine venait de se mettre en branle alors que celui de l’antique Vrykule, au terme de ces dizaines de millénaires de tourments où son ame errante fut ballottée par les vents, avait finalement été mené à terme.
La guerre entre la Loi et le Chaos, elle, ne faisait que recommencer de plus belle...
(HRP : EVENT TERMINE !)
Aschmédaï et Elloth s’étaient lancés dans un débat enflammé sur les lucioles, auquel Llyah n’avait pas manqué de participer. Il y avait fort à parier que lorsque Khalal avait choisi ce moyen de communication pour réunir ses ouailles, il n’avait certainement pas pensé que les petits insectes serviraient à échanger des opinions bien arrêtées et des noms d’oiseaux plutôt que des informations constructives.
Mais en réalité, tous ces échanges triviaux ne constituaient qu’un écran de fumée destiné à dissimuler les véritables intentions du démoniste. Elloth avait perçu à plusieurs reprises un bourdonnement bizarre provenant des lucioles, dont la source semblait être celle d’Aschmédaï ; la Bien Née, de par son affinité naturelle avec l’Arcane, avait compris inconsciemment à travers ce symptôme mineur que quelque chose de grave se tramait et qu’une magie aussi antique que puissante était sur le point d’être relâchée.
Car durant tout ce temps, Aschmédaï était en train de préparer à l’insu de tous le rituel qui libérerait la carte du Mat de son habitante illégitime, Lizaveth. A l’aide d’un artefact Draeneï, le Po’Ko’Rah, et assisté par une jeune apprentie magicienne nommée Matthilda Sarah Van Harten, dont la particularité la plus singulière était d’être prisonnière d’une trame défectueuse du Complexus, le fieffe rouquin avait décidé de prendre les choses en main et d’accomplir la tâche qu’on lui avait confié sans en parler à ses pairs... Et ce car il savait que la plupart d’entre eux chercherait à lui mettre des bâtons dans les roues s’ils nourrissaient le moindre doute quant à ce qui se tramait.
Cependant, les choses se passent rarement comme on les a prévues, et encore plus lorsqu’on manipule des forces dépassant l’imagination mortelle, en dépit du bon sens le plus élémentaire, et avec beaucoup d’ennemis discrets dans l’équation. Le bourdonnement étrange qu’Elloth avait perçu jusqu’alors se mua subitement en déflagration assourdissante, et durant un bref instant, tous les enfants de Maezel eurent l’impression pour le moins désagréable que leurs cerveaux allaient leur couler par les oreilles. Le monde explosa pour eux sur une douleur lancinante, et ils sombrèrent dans l’inconscience...
Llyah fut la première à reprendre ses esprits. Elle s’empressa d'appeler son mari à travers les lucioles... Ce fut un Aschmédaï complètement sonné qui lui répondit d’une voix hésitante, avant d'appeler Elloth à l’aide. Pour une raison qui restait encore à déterminer, le rituel avait échoué, et le mot était faible : non seulement Lizaveth était toujours prisonnière de la carte, mais en plus le Po’Ko’Rah avait mystérieusement disparu pendant les quelques minutes où son utilisateur avait perdu connaissance, et les énergies libérées avaient provoqué une distorsion arcanique d’une ampleur inimaginable au sein même de la réalité, menaçant d’engloutir tous ceux dont la trame était liée de près ou de loin à celle de Maezel.
Elloth se rendit donc prestement sur place, et y découvrit avec stupeur l’énorme anomalie dimensionnelle qui risquait de signer leur fin à tous. Khalal ne tarda pas à la rejoindre, ainsi que Llyah qui prit la précaution de ne pas se montrer, puis Aquarelle. Aschmédaï ne manqua pas de réprimander la Bien-Née d’avoir ramené tout ce petit monde, ce à quoi elle et Khalal répondirent de bon coeur qu’ils le tueraient certainement eux-même si le maintien précaire de la réalité ne dépendait maintenant pas entièrement de lui. Le démoniste, fort affairé à canaliser les forces arcaniques en présence pour empêcher la faille dimensionnelle de s’étendre, leur expliqua rapidement que leur seul espoir était de mettre la main sur le Po’Ko’Rah pour terminer proprement ce qui avait été commencé, et accessoirement que Matthilda, la rouquine désoeuvrée et à moitié sonnée qui se trouvait là, était censée être le nouveau réceptacle de Lizaveth.
Remis de leur surprise et après avoir pris soin de longuement lui répéter à quel point il était stupide et inconscient de s’être lancé seul dans ce rituel, le petit groupe, accompagné de Matthilda et de son ingénieux écureuil mécanique Noisette, se dispersa à la recherche d’une piste. Elloth se lança dans un sondage magique fastidieux des environs, tandis que Llyah découvrait d’étranges traces de sabots qui partaient du lieu du rituel avant de se perdre dans la forêt, au nord. Elle porta l’élément à l’attention de Khalal, qui tenta de les pister sous sa forme de greffier, mais ne tarda pas à en perdre la trace à proximité d’un lac, où régnait une forte odeur de souffre.
Tous en conclurent que le Po’Ko’Rah n’avait pas disparu, mais avait bien été dérobé par une créature dotée d’intentions malines. Matthilda tenta d’introduire les paramètres du problème dans Noisette, mais la bestiole mécanique se montra fort peu réceptive à cette introduction forcée. Ce fut Elloth qui parvint, au terme d’un nouveau rituel de perception, à déterminer que toute l’île de Brume-Sang était sous le joug d’un brouillage magique de grande envergure. Bien qu’Aschmédaï, resté en contact avec eux par le biais des lucioles, lui glissa que cela était peut-être simplement un effet secondaire du rituel, tout comme les lucioles qui sifflaient, la terre qui grondait, et la réalité qui semblait sur le point d’imploser d’un instant à l’autre, le groupe décida qu’il s’agissait là de la seule piste tangible dont ils disposaient et s’élança droit vers le nord, laissant Llyah en arrière afin de surveiller son mari à l’insu même de celui-ci.
Ils se séparèrent de nouveau à hauteur de Guet-du-Sang, Elloth partant battre la campagne à la recherche d’un phénomène magique pouvant la mettre sur la piste de l’artefact perdu, les autres cherchant une piste plus conventionnelle. Ils finirent par se mettre d’accord quant à la nécessité d’interroger quelques locaux, ce qui les mena jusqu’à Guet du Sang où ils furent accueillis par une volée de regards clairement hostiles. Là, ils interrogèrent le mage du campement, qui leur répondit de façon détournée que des instances supérieures avaient jugé bon que les Draeneïs ne prennent pas part à ces évènements, qu’ils avaient touché à des puissances qu’il aurait mieux valu laisser reposer en paix, et qu’il étaient seuls responsables du malheur qui risquait maintenant d’engloutir les “enfants du Chaos”.
Et pendant ce temps, Aschmédaï s’épuisait à maintenir la trame de la réalité qui menaçait de s’effondrer à tout instant, perdant peu à peu ses forces...
Elloth découvrit une Draeneï manipulant de grandes quantités d’énergie arcanique, peut-être était-ce qui instaurait un si grand trouble dans la région. Mais elle fut repérée avant de pouvoir faire quoi que ce soit et préféra battre en retraite plutôt que d’affronter seule l’ire de la renégate et de ses ouailles Sin’doreï. Khalal, Aquarelle et Matthilda obtinrent quant à eux une piste de la part du mage Draeneï de Guet du Sang, qui consentit finalement à leur révéler à demi-mot que ce qu’ils cherchaient était certainement entre les mains d’un satyre.
Le temps de se regrouper, et pour Khalal d’estourbir un représentant de cette espèce de démons lubriques et retors, et ils apprirent que l’orbe scintillant qu’ils recherchaient était entre les mains de leur chef, Zevrax, et qu’ils seraient certainement abattus à vue en tentant de s’introduire dans le campement de celui-ci. Pressés par le temps et pour certains ravis de la perspective d’enfin en découdre avec un ennemi bien tangible, ils firent fi de l’avertissement et s’y rendirent, mais les satyres, comme avertis par une étrange prescience, les attendaient de pied ferme.
La bataille commença à l’entrée du campement lorsqu’un d’entre eux fondit sur le petit groupe en poussant des hurlements menaçants. Khalal s’empressa de l’immobiliser dans une prison de racines, ce qui suscita l’attention d’un invocateur adjacent. La créature prit le druide pour cible et se mit à incanter un trait d’ombre, mais Elloth le fit exploser d’un barrage arcanique avant même qu’il n’aie le temps de dire “argh”. Le premier satyre s’extirpa des branches qui l’entravaient et se jeta sur eux, terrorisant Aquarelle qui resta sur place en se demandant dans quoi elle s’était embarquée. Matthilda, restée en retrait jusque là, tenta son va-tout et embrasa le démon menaçant d’un sort de feu qui n’avait rien de très académique. Cependant, il se révéla plus efficace que prévu, puisque le satyre, transformé en torche vivante, s’enfuit en beuglant et en attirant l’attention de tous ses congénères vers l’entrée du camp...
Le groupe en profita pour avancer, et se retrouva nez à nez avec Zevrax, qui brandit l’artefact tant convoité sous leurs yeux, avant d’éclater d’un rire dément et de les menacer de détruire le Po’Ko’Rah s’ils tentaient quoi que ce soit. Doté du même étrange don de prescience que ses congénères, Zevrax se révéla capable de percevoir la présence de Khalal, pourtant sous sa forme de félin fureteur, avec une impressionnante acuité. Mais là encore la fortune sourit au petit groupe, car le démon, en bon satyre qu’il était, se montra également très intéressé par les appas des trois jolies “femelles” qui lui faisaient face. Si bien que pendant que celles-ci lui faisaient plus ou moins de l’oeil, Khalal suivit son plan initial, se faufila derrière la créature lubrique, et l’empala... Avec des racines, évidemment.
Ainsi récupérèrent-ils le Po’Ko’Rah. Et le temps pressait, car Aschmédaï était à bout de force, et le néant n’avait jamais été si proche de tous les engloutir. Ils retournèrent vers lui à bride abattue, et Khalal s’empressa de lui remettre l’artefact. Mais contre toute attente, le roux ne parut pas pressé de terminer le rituel, alors même qu’il tenait à peine debout ; il voulait voir Llyah. Et Llyah refusait de se montrer. Tous le pressèrent et tentèrent de le convaincre de mener à bien sa tâche, en vain. Khalal, une fois n’était pas coutume, s’essaya à la diplomatie, tandis qu’Elloth se répandait en noms d’oiseau et même en menaces, mais rien n’y fit. Ce fut tandis que le démoniste répondait à la Bien-Née qu’elle n’avait pas le pouvoir de le forcer à obéir que Llyah dit la même chose à son mari, et celui-ci, la mort dans l’âme pour une raison qui échappait à la compréhension de tous, accepta finalement de terminer le rituel.
Cela ne prit qu’un instant. Matthilda obéit sans protester, reprenant sa place initiale. Le Mat dans une main, le Po’Ko’Rah dans l’autre, Aschmédaï réunit tout ce qui lui restait d’énergie et de volonté et mit fin à une errance de près de cent mille ans, libérant l’antique carte du joug de l’âme de la prêtresse déchue, scellant celle-ci dans le corps de la jeune humaine qui était certainement bien loin de s’attendre à une telle chose, lorsqu’elle avait accepté de suivre ce type louche qui lui promettait plus de magie qu’elle n’avait jamais osé en rêver.
Une nouvelle déflagration arcanique expédia tout ce petit monde dans les vapes lorsque le Po’Ko’Rah, en proie à une quantité d’énergie telle que la structure de la réalité même vacilla, altérait à jamais les rouages du destin et du complexus. La carte du Mat s’échappa de la main inconsciente d’Aschmédaï et tomba au sol. Un silence de mort s’abattit, troublé par la seule voix de Shimmy, qui avait ressenti les décharges successives de magie à travers sa luciole, et qui demandait avec toute sa poésie et sa grâce habituelle “si on pouvait pas arrêter tout ce bordel” avant de ficher le petit insecte en bocal pour avoir la paix.
Tous émergèrent lentement, et reprirent leurs esprits. Ce fut pour découvrir que Llyah se tenait près de Matthilda, toujours inconsciente. La voleuse observait la nouvelle incarnation de Lizaveth d’un air froid et dépourvu d’émotions. Elle demanda d’un ton très contenu si cette femme était bien la compagne de Maezel, celle qui partageait sa trame... Et obtint une réponse affirmative de la plupart de ceux qui étaient présents et conscients.
Alors Llyah tira sa dague, et trancha la gorge de Matthilda-Lizaveth sans autre forme de procès, sous le regard interdit d’Aschmédaï et celui, plus consensuel de Khalal. Le démoniste se précipita sur elle en hurlant, tandis qu’Aquarelle tentait d’arrêter le flot de sang qui jaillissait de la gorge de l’humaine... En vain. Le mal était fait. Lizaveth ne serait jamais sortie de son long, très long sommeil. La trame de Llyah resterait intimement liée à Maezel, qui verrait toujours en elle l’incarnation de son ancienne promise. Et Aschmédaï, désormais privé du pouvoir absolu sur le destin que lui avait brièvement conféré le Po’Ko’Rah, ne pourrait plus jamais y remédier. Il tomba à genoux, abattu, et ne se relèverait que bien plus tard ce soir là, car à ses yeux, la femme qu’il aimait venait de creuser sa propre tombe.
Pas si loin de ça, le Naaru O’Ros émit un doux tintement cristallin tandis que son esprit omniprésent observait la scène non sans un certain soulagement.
“Ô Titans,
Créateurs de ce Monde et garants de la Loi,
Le plan de l’Enfant du Chaos aux cheveux de Feu est déjoué.
Le Complexus ne sera pas défait.
Tel que cela fut écrit dans les Astres au commencement de toute chose,
Tôt ou tard, la compagne du Traître devra faire face à son destin.
Et plus rien ne saura l’en soustraire.”
Des rires légers et aussi anciens que le Monde lui répondirent alors que les antiques créateurs d’Azeroth, du fin fond de leur plan astral, se réjouissaient d’avoir remporté cette bataille. Llyah avait finalement achevé de récupérer la trame de Lizaveth, les deux s’étaient fondues pour ne plus en faire qu’une. Le destin de l’humaine venait de se mettre en branle alors que celui de l’antique Vrykule, au terme de ces dizaines de millénaires de tourments où son ame errante fut ballottée par les vents, avait finalement été mené à terme.
La guerre entre la Loi et le Chaos, elle, ne faisait que recommencer de plus belle...
(HRP : EVENT TERMINE !)
Aschmédaï- Ensorceleur
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Date d'inscription : 19/12/2010
Re: (SCENE 23) Ballotée par les vents...
Quelques heures plus tard...
Une note laissée sur le fauteuil de Khalal, un peu de marche dans Forgefer propice à la réflexion, et puis aller dormir, seule.
Llyah s'endort comme autrefois, perchée sur le toit d'une maison. Elle a dans la tête une image qu'elle espère rêver.
L'image : une scène de théâtre. A sa façon. Du velour d'un rouge riche et soutenu, une estrade de bois patiné et simple, et devant, dans les ombres du reste de l'espace, une voleuse rousse en cuir rouge et noir, aux dagues assorties.
S'il passait par là, il ne manquerait sans doute pas de comprendre qu'elle l'attendait au fond d'un rêve.
Elle attendit tout une partie de la nuit. Pourtant, le Masque était bien là. Dissimulé derrière un détail du songe.
Il la regardait attendre.
Il n'osait pas. Quelque chose le perturbait.
Il s'approcha sous la forme d'un enfant de cinq ans au yeux ronds.
Il lui adressa un sourire après s'être planté devant elle...
Llyah l'observa un moment et supposa que c'était bien lui... au pire elle en aurait sans doute la preuve très vite.
"Merci d'être venu, dit elle. Avant de poursuivre.. j'aimerai que vous repreniez votre apparence... enfin celle de quand nous nous sommes rêvés la dernière fois. Je souhaiterai vous parler."
Llyah semblait très sérieuse, imperméable.
Le petit enfant parut perplexe et soutint le regard imperturbable de la rouquine un instant. Jusqu'à ce qu'un souffle se fasse sentir dans son dos. En se retournant elle découvrit une silhouette féminine drapée et masquée, aux lèvre écarlates. Puis se fut une autre. Et une autre. Et une autre encore. Mais toutes ne portaient pas un masque ni les mêmes traits. Certaines n'avaient pas de visages, d'autres affichaient des traits difformes, à moitié terminés. Les derniers portaient des visages connus : Dérélicte, Nelapsi, Aschmédaï, Aquarelle, Khalal... Tous avaient ce regard malicieux qu'avaient les masques des saltimbanques, ou celui d'un Arlequin...
"J'aurai le visage que tu voudras mon aimée. Pose ton regard sur l'un d'eux et parle."
Llyah choisit de s'adresser à la silhouette la plus achevée mais aussi la plus mystérieuse, cape, masque noir, regard malicieux, lèvres rouges et traits féminins... dédaignant de façon flagrante toutes celles qui avaient des figures connues.
"Lizaveth n'est plus. Je l'ai tuée."
A peine une demi-seconde de silence avant de reprendre :
"Je tenais à vous le dire moi-même, même si vous l'avez sans doute déjà appris. Je vous présente mes condoléances."
Llyah gardait le ton professionnel, indifférent et imperturbable d'une Ombre, le visage soigneusement contrôlé, même si sa voix s'élevait juste ce qu'il fallait, d'un timbre sans chaleur, sans être froid.
De la même façon qu'elle avait pris la vie de la jeune femme qui aurait pu être Lizaveth devant chacun des enfants Masques présents, elle se tenait là, laissant simplement la voleuse et l'assassin s'exprimer : neutre.
Alors s'éleva un concert d'applaudissement. Toutes les figures du Masque s'en donnèrent à cœur joie. Le personnage en cape leva la main et les avatars de Maezel se turent.
"Ma fille. Tu es la perle de mes rêves. Tu as tué Lizaveth et je t'en remercie. Le Mat est donc à présent libre et prêt à recevoir mon âme sur le monde. Tes condoléances sont inutiles, la folie de Lizaveth avait depuis longtemps effacé ce qu'elle fut autrefois à mes yeux. Elle n'était plus qu'une âme sans trame, prisonnière de sa rage et d'une carte de tarot, rien de plus. C'est d'ailleurs toi qui porte sa trame, mon enfant. La première d'entre toutes à jouïr du libre arbitre. Je n'ai jamais douté de toi. Tu es digne d'être ma reine à présent..."
Les paroles suivantes furent prononcées par tous les visages du Masque en même temps dans un murmure général aussi puissant qu'une voix.
"Rejoins les Maisons dans le monde de veille et presse les de mettre en place le rituel au théatre des Faiseurs. Le temps presse. Ta sœur Elloth m'a prévenue que les dragons d'Ysera s'apprêtaient à tenter de contrer ma venue (cf.==>[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]). Cela ne doit pas être ! Ensemble nous libérerons Azeroth du poids du Complexus ! Et je saurai vous protéger contre le vol vert s'il décidait de lancer ses rejetons dans la guerre..."
Toujours aussi neutre et imperturbable, la jeune voleuse agita le doigt d'un côté et de l'autre, en un -non- facilement compréhensible.
"T-t-t-t-t !
Déjà : Je ne suis digne d'être la reine de personne. Ensuite, je suis comme le vent, libre comme l'air, et vous y avez contribué. Et l'air n'est roi ou reine de rien. Il est, voila tout. il vit là où ça le chante. Parce qu'il n'est à personne. Et c'est ça qui le rend aussi agréable et surprenant. N'est-ce pas ?"
Un enfant minuscule aux yeux exagérément écarquillés de larmes, s'approcha et tira l'humaine par la manche.
"Mais que veux tu dire ...? Refuses tu donc la place qui te revient ?"
Une vielle femme grinça :
"Aurais tu oublié tes promesses ?! Tu m'as fais une promesse en échange de la garantie de la vie sauve de la Siamoise ! Je n'ai pas oublié (cf.==> [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])"
Un homme au visage enchanteur mit un jour genou à terre et après un délicieux baise main, murmura à Llyah d'une voix de velours :
"Le moment est venu. Tu es la première âme d'un monde nouveau. Ma dame de cœur."
Troublée, Llyah répondit, mais le ton toujours neutre.
"J'ai promis de servir de piège pour Lizaveth... pas de la remplacer.
Je ne suis pas à vous.
Vous ne m'avez pas libéré pour m'emprisonner, n'est-ce pas ?"
Le Masque laissa le masque de son regard planer sur le visage inquiet de la rouquine. Le visage de Llyah trahissait de l'appréhension. Le silence lui sembla peser des tonnes.
"Je crois... reprit-il après quelques secondes.
Je crois que tu ne comprends pas mon enfant. Je ne suis pas celui qui fera de toi une prisonnière. Je suis le prisonnier. Ta vie ne m'appartient pas, tout comme elle n'appartient à pas aux Titans. Ta vie est tienne. Cependant... si la trame qui pèse dessus n'est plus active, ce n'est que grâce à la protection de ta carte. Le Complexus continue d'engranger des drames sur le monde et lutte chaque jour contre l'Onyre qui te protège. Toi plus que tout autre..."
La grande silhouette féminine vêtue de velours poussa un long soupir et s'effondra sur le sol comme une marionnette désarticulée. Le masque noir qu'elle portait trônait maintenant au sommet du tas de tissus, aux pieds de Llyah.
Le décor vacilla, laissant place à des murs couverts d'écritures anciennes, datant des temps d'Uldum, éclairés par une étrange lueur ocre. Un chat à la tête surmonté d'un diadème, sortit de l'ombre du songe et vint se frotter à la jambe de la rouquine, qui rêvait encore depuis son lit. Puis ce fut un autre. Et un autre encore. Alors que Llyah était lentement approchée par des dizaines de félins ronronnants, un bruit de talons la fit se retourner. La silhouette à tête de chat de l'assemblage des rêves sous sa forme d'origine se tenait accroupie devant elle, le visage dans la pénombre.
"Sais-tu seulement pourquoi toi, mon enfant ? Sais tu pourquoi toi... ?"
Llyah restait muette, mettant toute sa concentration à paraitre impassible malgré la horde ronronnante qui commençait à s'installer à ses pieds.
"Regarde moi... regarde celui, ou celle si tu préfères, que je fus. Je suis de la descendance des dieux. Pourtant ce n'est pas moi qui ai choisis d'associer la trame que tu portes à ton existence. La trame que tu portes est un symbole sur l'échiquier du monde. Elle fut la première à échapper au contrôle des Titans. Quand elle échut plus tard à la reine Liabesse, Hardivar donna sa vie pour la protéger (cf. ==> [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]). Penses tu que ce ne fut que par amour...?"
La silhouette à tête chat fit une pose et claqua des doigts. Un fauteuil antique brodé d'or apparut sous le postérieur de Llyah. Maezel s'allongea nonchalamment sur une méridienne tressée d'osier.
"En partie.
Si j'ai libéré Lizaveth la première du Complexus, c'est aussi par ce que son destin était supposer verrouiller à jamais les effets des Trames sur le monde. Mon frère Setesh qui étudiait ces trames m'en avertit dés le jour sa naissance en Norfendre. De quelle façon devait elle verrouiller le pouvoir du Complexus ? Je n'en sais rien. Mais les Titans ont placé dans ta trame les moyens de ne plus jamais craindre que leurs plans soient contrecarrés. Voici pourquoi toi, plus que tout autre, dois rester libre mon enfant. Tu es la mère involontaire d'une génération nouvelle. Et ces enfants auront besoin d'une âme aussi grande et droite que la tienne pour leur ouvrir les yeux. Le Complexus à causer la mort de nombreuses personnes que tu as aimé. Il faut que cela cesse. Je ne le laisserai pas se servir de toi comme d'une marionnette, comprends-tu ? C'est pourquoi je te propose de te joindre à moi quand je reviendrai sur le monde. Et de devenir mon épouse. Je pourrai avoir l'âme et le visage dont tu rêves. Je suis celui qui forgea les contrées onirique que tu visite chaque nuit, souvent auprès de ta sœur, et où l'on m'enferma plus tard. Je peux tout pour toi mon enfant."
Maezel marqua une courte pause en constatant la mine de plus en plus renfrognée de Llyah.
"Je ne suis pas responsable de ce fardeau qui t'échoue. Ni des responsabilités qu'il incombe. Mais tu dois comprendre que l'enjeu que représente ton existence dépasse de loin les caprices de l'égo. Encore une fois, je n'y peux rien. Ce sont les Titans qui décidèrent de lier cette trame à ta vie. Et ce n'est pas pour rien qu'ils choisirent une mortelle qui se méfie tant de la magie. Tes peurs... sont conditionnées. Décidée par ceux qui prétendent avoir créé le monde. Ton rejet et ta terreur de ce que tu ne parviens pas à expliquer, est idéale pour te tenir loin des magies qui peuvent te protéger. Loin de l'Onyre. Et pourtant...
Pourtant tu comptes aujourd'hui parmi mes enfants. C'est la preuve que les Titans ont sous estimés celle que tu es. Les humains évoluent contrairement aux dieux. Ne te laisse pas emporter par tes peurs, mon enfant. Ce ne sont pas les tiennes."
La silhouette à tête de chat se leva et approcha son visage félin à la limite de l'ombre et de la lumière.
"Tu m'as si bien aidé jusqu'ici. Tu as respecté ta parole en mettant un terme à l'existence de l'âme de Lizaveth. J'ai tenu la mienne en laissant Dérélicte en vie malgré le danger que sa nature trop curieuse représente. Comme nous en avions convenu il y a deux ans, après la découverte du théâtre des Faiseurs, nous voilà peut être quittes selon toi. Mais les choses ne s'arrêtent pas là. La trame que tu portes est une clef très dangereuse.
Je ne serai pas ton geôlier.
Tant que tu ne me tourneras pas le dos.
Je serai ton protecteur.
Ton clan est ici, Llyha.
L'Onyre est la seule chose en ce monde qui peux te permettre de garder cette liberté que tu sembles tant chérir.
La fin du Complexus est le seul moyen de ne plus dépendre de cette magie qui te mes si mal à l'aise.
Comprends-tu seulement cela mon enfant ?"
Maezel pencha la tête de côté.
"Seras-tu ma reine de cœur ?"
Llyah observa Maezel, et sans agressivité, d'un ton cependant tirant légèrement sur l'ironie :
"Pour vous reprendre, vous dites : d'une âme grande et droite ? Vous m'avez bien regardée ??
Je suis une voleuse, un assassin même parfois, une espionne... ma moralité dépend uniquement de ce que j'en fais."
Puis elle reprit, beaucoup plus sérieusement.
"J'ai promis de vous aider, au moment où j'ai eu cette carte... De ça, il n'y a pas de raison que cela change.
Pour le reste c'est hors de question. Je suis déjà mariée, déjà. Ensuite ça ne m’intéresse pas. Ou inversement : ça ne m’intéresse pas, et je suis déjà l'épouse de quelqu'un. Bref ! Vous pouvez prendre le visage que vous voulez, c'est l'âme qui compte. J'ai choisi, librement, celle qui me convenait !"
Maezel se mit à rire doucement.
"Mon enfant...
Tu n'as pas le choix. Encore une fois : Elloth est venue me voir. Les dragons vert sont à vos trousses. Tu figureras vite en tête sur la liste de leurs cibles. La trame que tu portes est l'enjeu. Nul ne pourra te défendre si ce n'est moi. Ton mariage... est un rituel humain. Penses tu vraiment qu'un Assemblage te propose l'idéal des mortels que tu cherches à trouver avec le mâle avec lequel tu désire te reproduire ?
Ton mariage avec moi, ne fera pas de toi ma femme. Allons... Si le mot te gêne, change le. J'utilise les image qui sont celles de ta culture.
Notre union fera de toi un être nouveau et je te transmettrai une partie de mes pouvoirs. Ainsi dragons ou Titans, nul ne pourra plus te forcer à accomplir la trame que tu portes. Tu pourras aller à loisir continuer à fréquenter celui que tu aimes. La jalousie n'est pas une émotion que je connais. Et d'ailleurs...
Pourquoi devrais tu le tenir au courant ?"
Llyah plissa les yeux avant de s'emporter.
"Moi ? De la magie ? Des pouvoirs ? Hors de question ! Ce n'est pas pour moi, et vous le savez ! Proposez à Elloth... C'est une elfe millénaire qui adore ça et qui a l'expérience qu'il faut ! Je HAIS la magie ! Sous toutes ses formes !"
La silhouette à tête de chat eut un sourire que l'on aurait pu apparenter à de la tendresse.
"Petite sotte... Je t'offre la protection, la liberté et tu me parles avec défis et méfiance. Ne t'ai je jamais mentis, mon enfant ? Pourquoi me traites-tu avec tant de distances ? Tant d'ingratitude, petite Llyah ?
La magie fait partie de ce monde, tout comme l'Onyre. Que cela te déplaise ou non, c'est ainsi que l'ont voulu les Titans et ce pourquoi fut fabriquée ma sœur, Isiseth, l'assemblage de magie. Nier son impacte et son pouvoir revient à nier les mains qui existent au bout de tes bras. Ton destin est une ironie et je ni peux rien. Encore une fois, n'oublie pas. Ta peur n'est pas la tienne. Le Complexus détermine les principales blessures qui détermineront la personnalité du mortel auquel il lie une trame. Ces instants représentent la tactique mise en place par le Titans qui a écrit la trame. Ils déterminent la direction que vient de prendre son pion (cf. ==> [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]). Liberte toi ! Choisis ce que tu es ! Choisis de rompre avec tes peurs ! Utilise la liberté que je t'offre.
Ma protection est un lien mental. Sa mise en place nécessite un rituel, un mariage symbolique qui nous unira et qui me permettra de protéger ton âme des assauts que ta trame et nos ennemis mèneront pour reprendre le contrôle sur ta vie.
Alors mon enfant range tes griffes. Je ne suis pas ton ennemis. Je suis le roi de cœur dans la partie de cartes qui nous attend. Devient la reine."
Maezel tendit une main amicale en direction de Llyah qui lui répondit d'une moue méfiante, devenue traditionnelle sur ses traits. Elle grommela :
" Déjà, je veux l'avis de Khalal. Et ensuite... peut-être. Ma liberté c'est aussi de pouvoir continuer à me détacher de tout ça quelque soit le prix, n'est-ce pas ? Enfin ça reste a mon avis ridicule de mettre ce genre de jouet dans les mains d'une gamine qui n'en veut pas. Et je sais que je suis une casse-pattes patentées. Mais je suis ainsi. Faites vous une raison ! Pour le reste je veux pouvoir renoncer à ce lien quand je veux... "
"Renoncer ? Si tu pouvais renoncer à la trame que tu portes, mon enfant, je n'aurais pas à te protéger. Je ne serais même pas fait de songes. Renoncer à notre lien, c'est choisir la mort. S'en libérer ce sera triompher. Mettre un terme au Complexus. Alors seulement tu sera libre.
Khalal aura l'avis qui est le mien. Et tu n'a nul besoin de ta Chimère pour répondre aux responsabilités qui sont les tiennes. Le choix est tiens. Pas celui de Khalal.
Alors ? Prendras tu la main que je te tend... Llyah ?"
Le Masque attendit. Llyah soupira.
"Je suppose qu'en m'engageant dans l'éphémère, j'ai déjà fait mon choix au final..."
Llyah posa sa main dans celle du Masque, avec un petit air vaincu.
"J'espère n'avoir jamais a regretter ce choix... ne me le faite pas regretter."
La patte de la silhouette de chat se referma doucement sur la main de la rouquine. Le temple aux murs ocres fondit dans une lumière qui semblait couler comme du miel. Tout fut blanc. Et Llyah ouvra enfin les yeux sur Azeroth.
Elle sursauta.
Le Spectateur se tenait devant elle, aveugle et inerte.
Le pantin était venu lui rendre visite...
Scène suivante ...
Le Masque- Messages : 261
Date d'inscription : 01/07/2010
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